7 idées concrètes pour plus de mixité dans les STEM

Dans le monde, les femmes représentent 24 % des professionnels dans les STEM (sciences, technologie, ingénierie & maths). Autant dire que les sciences dures gagneraient à une plus grande mixité. Et les organisations aussi ! Comment lever les verrous et briser les stéréotypes de genre ?

Agir pour des STEM plus inclusives
« Des dispositifs comme « Happy men share more » visent à déconstruire tous les clichés, y compris ceux liés aux hommes, qui doivent être des winners et faire carrière. »

Vous connaissez ce chiffre choc : « 85 % des emplois de 2030 n’existent pas ». Mais saviez-vous que ces emplois se joueront principalement dans les STEM ? Les Sciences, Technologie, Ingénierie et Mathématiques représentent « 70 % des compétences en pleine expansion » insiste le rapport « Les femmes au cœur de l’économie » remis en février dernier au Gouvernement français par Chiara Corazza, qui dirige le Women’s Forum. Et c’est là qu’un problème aigu se pose : 24 % des professionnels, 35 % des étudiants (et seulement 1 diplômé sur 5 en Europe) : les femmes font cruellement défaut dans les STEM, à l’échelle mondiale.

Mais pourquoi cette mixité en défaut ? 

« Il y a plusieurs explications, estime Hélène Chahine, déléguée générale de la Fondation CGénial qui fait la promotion des métiers scientifiques, techniques et du numérique, auprès des jeunes (et dont Saint-Gobain est partenaire). À l’école ou dans la sphère familiale, les biais de genre sont encore très prégnants. Des mots comme soins, famille ou littéraire seront facilement associés aux femmes, alors que leadership, carrière ou tech convoquent immédiatement une image masculine… ». Il y a donc tout un travail de déconstruction mentale à opérer afin que les filles puissent envisager – elles aussi - une carrière scientifique et devenir - pourquoi pas ? des « ninjas du code » ou des « serial ingénieures ». 

 

Alors on fait comment ? 

Voici 7 pistes concrètes,  largement inspirées des actions menées par la Fondation CGenial, pour favoriser le leadership féminin dans les filières STEM.

 

1/ Valoriser les parcours féminins inspirants

Que ce soit en classe ou en famille, on observe encore de vrais stéréotypes de genre sur les STEM. Pour casser ces biais, rien de tel que des rencontres entre les élèves et la communauté scientifique. Ces échanges « hors les murs » permettent aux filles de s’identifier plus facilement, au travers de modèles ou de parcours inspirants.

2/ Définir des quotas et des objectifs chiffrés dans les filières techniques et scientifiques

Pour favoriser la mixité dans les sciences dures, Chiara Corazza, directrice générale de Women’s forum, préconise de mettre en œuvre « des objectifs chiffrés de 40 % de filles d’ici à 2025 dans les universités et écoles publiques et privées spécialisées dans les STEM et conditionner des incitations financières aux progrès réalisés". Une autre piste envisagée en France par le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes est d’imposer un quota de 40 % de femmes dans les comités exécutifs et de direction. Une réflexion partagée par l’Allemagne qui prévoit, elle aussi, d’imposer des quotas dans les comités de direction ainsi que dans ses plus grandes entreprises.

3/ Passer des STEM au STEAM

Depuis peu, on voit poindre une nouvelle filière : les « STEAM ». La voyelle « A » qui est venue s’ajouter à l’acronyme, se rapporte aux « Arts ». Et plus généralement aux questions liées à la créativité, mais aussi à l’engagement social et sociétal. Promue par l’UNESCO, la méthode STEAM est une bonne façon d’attirer les femmes dans les filières scientifiques, par une approche interdisciplinaire. C’est le cas notamment de certaines écoles d’ingénieurs qui proposent un double cursus, ou qui nouent des partenariats avec d’autres établissements, à l’instar en France de l’École polytechniques, qui forme des ingénieurs au plus haut niveau, et des Gobelins, prestigieuse « école de l’image ». Plus concrète et motivante, cette nouvelle porte d’entrée permet de sortir de la science pure, en travaillant en mode projet/solutions. 

 

4/ Développer les réseaux féminins STEM

WiT (Women in Tech), Réseaux Industrielles, WomenTech Network aux Etats-Unis… En entreprise, les femmes se mobilisent et engagent des actions de sensibilisation à la question de la mixité dans les STEM, pour tenter de dépasser les idées préconçues. Certains programmes d’accompagnement ont également pour ambition d’aider les femmes à développer leur leadership et leur capacité à s’imposer, à affirmer leur position. Syndrome d’imposture, illégitimité face à un nouveau poste, vie familiale versus vie professionnelle… Les actions de mentorat et les réseaux d’entreprise visent à briser cette chaîne d’autocensure, que l’on retrouve à toutes les échelles, a fortiori dans les carrières techniques.

5/ Sensibiliser les enseignants à la réalité des STEM

Afin de sensibiliser les établissements scolaires à la culture d’entreprise, de plus en plus de groupes (ingénierie, secteurs de l’IT, etc.) organisent des visites de sites de production ou département R&D. Objectif : sensibiliser le corps enseignant à une meilleure connaissance des métiers, notamment dans la tech. Ces passerelles entre monde professionnel et établissements scolaires favorisent les échanges et permettent de déconstruire certaines idées sur les STEM, tout en pointant les enjeux associés, notamment en termes de recrutement et de mixité.

6/ Apprendre à coder dès le plus jeune âge

« Tout se joue dès le plus jeune âge ! » Dans son rapport, Chiara Corazza propose de développer l’informatique et le codage sur les bancs de l’école. En France, la Fondation CGénial a elle-même mis en pratique ce concept au travers de son projet « Yes, We Code ». Depuis 2017, elle accompagne les 10-17 ans et leurs enseignants dans la mise en place de projets numériques, en fournissant un kit d’objets connectés : cartes programmables, capteurs, accessoires… Même approche au Royaume-Uni avec le dispositif « Codecreated » ou encore au Canada avec le programme « kidscodejeunesse ». Ces approches favorisent l’intelligence collective et la créativité, en gommant toute approche « genrée ». Et ça marche ! 

7/ Veiller à la mixité des équipes dans l’IA 

Le saviez-vous ? Les algorithmes sont biaisés. En effet, ces lignes de code qui structurent de plus en plus notre monde sont majoritairement pensées par des hommes car seulement 15 % des data scientists dans le monde sont des femmes. Une absence de mixité qui a de lourdes conséquences. Un exemple ? D’après une étude menée par le  Massachussetts Institute of Technology en 2018, si la reconnaissance faciale est fiable à 99 % chez les hommes… elle génère 35 % d’erreurs sur des profils féminins à peau foncée. Alors plus que jamais, la mixité des équipes dans l’IA s’avère indispensable pour développer des nouvelles technologies, neutres, sans biais de genre. Au-delà d’un recrutement plus mixte, les associations françaises Politiqu'elles et Social Builder proposent dans un rapport « d’examiner les jeux de données sur lesquels l’IA va se baser et de proposer des audits sexués de ces données afin d’encourager le débiaisage des données. »

 

Il y a urgence car selon le rapport de Chiara Corazza, la pénurie en compétences dans ces métiers pourrait atteindre près d’un million de postes cette année dans l’Union européenne… Former les femmes dans ces disciplines, c’est donc soutenir la croissance de toute l’économie, mais aussi créer un monde plus inclusif.

 

Crédits photos  :  Maksim Shmeljov/Shutterstock et Plataa/Shutterstock

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