Comment le packaging se plie en 4 pour devenir durable

Face au fléau mondial des déchets issus notamment des emballages - le plastique non recyclable en première ligne -, les industriels et les entreprises sont en quête de solutions, entre performance et respect de l'environnement. Le packaging peut-il être encore plus "vert" ?

Pointé du doigt mais indispensable, le packaging se doit d’évoluer

Car dans la chasse aux déchets qui étouffent la planète, l'emballage a mauvaise presse : on lui reproche de "sur emballer" les produits, de contenir trop de plastique, alors qu’il représente près de la moitié des déchets ménagers. Mais alors, pourquoi ne pas simplement se passer de ces matières soi-disant « superflues » ? Tout simplement parce que l'emballage ne l'est pas ! Il assure même des fonctions vitales dans le cycle de la consommation comme le transport, la protection, la conservation des produits de toutes natures, de l’alimentaire aux matériaux de construction. L'emballage se pose également comme une source d'information et de traçage primordiale pour le client. 

Alors pourquoi ne pas enrayer cette spirale de la pollution en parvenant à des emballages 100 % recyclables ? La réponse ne peut être unilatérale : si le tri sélectif est entré dans les mœurs, on ne recycle pas autant partout dans le monde. De plus, il n'est pas encore possible de tout recycler. Des solutions émergent (usage de matières biodégradables, plastiques recyclables, retour de la consigne…), mais elles sont encore en cours de développement. 

Les chiffres du packaging dessinent un défi d'ampleur

Côté chiffres, le marché mondial de l’emballage, comprenant le carton, les emballages souples, le plastique rigide, le métal et le verre, pèse à ce jour plus de 900 milliards de dollars. Chaque matériau voit sa demande (et son marché) augmenter de 3,1% par an, avec des disparités selon les lieux (+1,2 % aux États-Unis, quand la Chine augmente de 5,2 %, par exemple). De fait, nos déchets issus du packaging augmentent toujours. En 2018, on estime qu’en Europe, ils représentaient 174 kg par habitant (selon une étude du cabinet McKinsey). Pour enrayer cette croissance, l’Europe s’est fixé pour objectif de recycler 55 % des emballages plastiques à horizon 2030. 

Le Groupe Saint-Gobain s’inscrit d’ailleurs dans cet élan vertueux. D’ici à 2030, il s’engage à intégrer 30 % de matière recyclée dans les plastiques qu’il utilise. Un pourcentage de produit recyclé qui montera à 100 % pour ses emballages.

 

Plus que jamais, la supply chain devient un gage d’exigence

Dans ce contexte, quelle marge de manœuvre possèdent les entreprises qui ne fabriquent pas elles-mêmes leurs emballages, mais s'appuient sur des fournisseurs ? Elles répondent à cette question par la définition une connaissance aigue des lois associée à une politique d’achats ambitieuse, qui leur permettent de consolider les bonnes pratiques locales et d’identifier les fournisseurs qui répondent le mieux aux objectifs environnementaux qu’elles souhaitent poursuivre. Une identification de fournisseur aussi cruciale que complexe tant le marché varie d’une solution à l’autre. Ainsi, si les plastiques peuvent être achetés chez un fournisseur national ou continental, les sacs en papier sont eux distribués au niveau mondial. Quant aux cartons, on ne peut s’en procurer qu’auprès d’une poignée de grands groupes. On l’aura compris, acheter une solution d’emballage dans une région précise, avec des critères stricts, relève donc souvent du challenge.

Législation, consommateurs, technologies. Les leviers du changement sont là. 

Le défi peut sembler complexe, mais pourtant, en y regardant plus en détails, certains changements montrent la convergence croissante des consciences et des actes, sur plusieurs niveaux. Ce qui offre aux acteurs soucieux du défi environnemental des leviers sur lesquels s’appuyer.

En premier lieux, la pression des consommateurs existe et elle se fait ressentir de plus en fortement, même si l’on observe encore une dualité entre les discours et la réalité des achats. Ainsi, selon l‘étude européenne Two Sides, 48 % des consommateurs seraient ainsi prêts à éviter une enseigne qui ne respecte pas les efforts sur le plastique dans les emballages. 

Du côté des entreprises, l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050 est désormais établi pour nombre d’entre elles. D’autant que sur le plan industriel, le coût des technologies de recyclage devient compétitif, à l’instar du recyclage chimique des polymères. 

Enfin partout autour dans le monde, la législation se durcit en faveur de pratiques respectueuses de l’environnement. Ainsi au Royaume-Uni, une taxe a vu le jour en janvier dernier : elle s’applique aux emballages qui ne comportent pas au moins 30 % de plastique recyclé. Aux États-Unis, 16 États ont adopté des réglementations concernant les déchets d'emballage. En Inde, la législation favorise les substrats et formats recyclables et fait pression pour augmenter le nombre de points de collecte. La Chine, elle, a interdit les importations de déchets plastiques et même approuvé une législation visant à réduire les plastiques à usage unique, à augmenter le recyclage, la valorisation, et la recirculation des plastiques usagés. 

Le packaging "vert", un formidable terrain d’innovation 

Grâce aux ressources transverses de la R&D, des alternatives inspirantes et concrètes naissent chez de nombreuses entreprises, dont Saint-Gobain. Elles s’appuient sur la règle des 3R : réduire (ou refuser) / réutiliser / recycler.

• Réduire, voire supprimer. C’est agir sur la quantité même d’emballages nécessaires, réduire les épaisseurs de films plastiques, le grammage des cartons, ou supprimer les suremballages. C’est le cas par exemple du groupe Nestlé qui a remplacé ses emballages plastique au Japon par des emballages souples en papier. Ou de ces emballages de salade qui se vendent désormais dans des bols en carton. 

• Réutiliser. C’est développer la logistique inversée, en préservant une partie du packaging et des matériaux (cartons, palettes…) afin d’en faire un nouvel usage. C’est la stratégie que met en œuvre le logisticien UPS, par exemple, qui demande à ses utilisateurs de conserver ses cartons et d’en faire usage lors de réexpédition, pour réduire l’impact sur l’environnement. 

• Recycler. C’est introduire de la matière recyclée dans les matériaux d’emballage, mais aussi rendre ses emballages recyclables en privilégiant ceux qui sont « mono-matériau ». C’est le cas par exemple de l’entreprise Colgate-Palmolive qui est la première à proposer le premier tube de dentifrice qui sera 100 % recyclable d’ici à 2025.

Au-delà des solutions miracles, engager l’ensemble des acteurs

On l’aura compris : définir les grandes lignes d’un packaging plus respectueux, c’est tout sauf une tendance. C’est une démarche essentielle, dans laquelle chacun, tout au long de la chaîne de valeur, dispose d’un rôle à jouer (pays, entreprises, fournisseurs, consommateurs). Pour y parvenir et avancer dans le sens souhaité, tous les modes de valorisation doivent être envisagés. Car il n’existe pas de solution miracle. L’opération ne trouvera de sens que si tous les acteurs de la chaîne des produits emballés s’impliquent dans l’éco-conception et les solutions de recyclage. Et pour cela, inutile d’attendre 2030.

Crédits photos : Vladyslav Lehir/Shutterstock ; Nordroden/Shutterstock

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