La rénovation énergétique,
un enjeu de santé majeur
un enjeu de santé majeur
Rénover n’est pas seulement un moyen de lutter contre le changement climatique ou de réaliser des économies d’énergie. Face aux nombreux risques sur la santé causés par le mal-logement, c’est avant tout une question de santé publique prioritaire.

Qu’est-ce qu’un “logement sain” ? L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en résume les caractéristiques dans ses lignes directrices relatives au logement et à la santé. Ces orientations éclairent les politiques et réglementations liées au logement aux niveaux national, régional et local. L’accessibilité, les dispositifs de sécurité limitant les accidents domestiques et l’espace suffisant pour éviter le surpeuplement font partie des critères recommandés. Sans surprise, l’organisme insiste également sur les températures et l’isolation des bâtiments, caractéristiques majeures d’un habitat digne et salubre.
“Pour les pays aux climats tempérés ou plus froids, une température s’élevant à 18˚C a été proposée comme étant une température intérieure sûre et bien équilibrée pour protéger la santé des populations en général pendant les saisons froides”, rappelle l’OMS, qui alerte également sur la chaleur excessive dans les logements. La multiplication des canicules accentuées par le changement climatique rend impératif d’adresser ce défi à l’échelle mondiale. Ce n’est pas seulement de confort qu’il est ici question, mais bien de santé publique : en prenant en compte tous les risques sanitaires, l’OMS évalue à 130 000 le nombre de décès annuels associés à des conditions de logements inadéquates en Europe.

Les conséquences du mal-logement
Le logement peut altérer de multiples façons la santé physique. Associée à un manque de ventilation et une isolation défaillante, l’humidité excessive génère des moisissures, qui peuvent déclencher des pathologies respiratoires et aggraver l’asthme. En recoupant des études concernant les Etats-Unis, le Canada et plusieurs pays européen, l’OMS avançait en 2009 que près de 20 % des bâtiments des bâtiments de ces territoires présentent des signes de moisissures.
Températures extrêmes - en chaud comme en froid- et isolation défectueuse peuvent entraîner des pathologies cardio‑vasculaires. Au Royaume-Uni, une étude a démontré l’influence des caractéristiques des logements en matière de surmortalité hivernale. Les choix du passé en termes d’équipement peuvent aussi avoir des conséquences.

Plus de temps à domicile
Pour les habitants, ces expositions dangereuses sont souvent de longue durée : les chiffres varient selon les pays mais, à titre d’exemple, un Français passe en moyenne seize heures par jour dans son logement - un chiffre en hausse avec l’essor du télétravail.
Ce changement de paradigme a mis en lumière l’urgence de rénovation de l’habitat de nombreux travailleurs. Un temps accru passé à domicile augmente logiquement les besoins en chauffage durant les périodes froides. En été, la recherche de fraîcheur lors des chaleurs estivales ferait presque regretter la climatisation souvent disponible sur des lieux de travail classiques. Et quelle que soit la saison, une luminosité naturelle suffisante est par ailleurs indispensable au bien-être, tant pour assurer les apports nécessaires en vitamine D que pour limiter l’usage d’éclairage électrique en journée.
Depuis plusieurs mois, ce rééquilibrage massif entre lieu de travail et lieu de vie - au profit du second - s’observe à l’échelle internationale. Aux Etats-Unis, des mastodontes de la Silicon Valley comme Facebook et Twitter ont fait du télétravail la norme, et certaines sociétés comme Amazon ou Paypal ont reconnu que le refus du distanciel pourrait réduire leur attractivité employeur. Cette situation ne concerne pas toutes les catégories de salariés, mais elle accentue l’urgence des rénovations, dont les bienfaits ne se limitent donc plus au confort dans la vie personnelle, mais également professionnelle. La nécessité d’une isolation phonique efficace pour se protéger des bruits extérieurs ne vise plus seulement à garantir le sommeil durant la nuit, mais à assurer le calme d’un potentiel environnement de travail en journée.

Les bienfaits de la rénovation
Historiquement, des succès en matière de santé publique sont liés à des actions dirigées vers le logement, comme l’a montré la diminution progressive des maladies infectieuses au profit des maladies non transmissibles. Selon l’OMS, investir pour améliorer les conditions de logement auraient de meilleures conséquences sur le plan sanitaire qu’un investissement direct dans la santé, sur une échelle de deux à quatre ans.
La rénovation permet par ailleurs de réduire le cercle vicieux causé par le changement climatique, compte tenu des nombreux gaz à effet de serre générés par les passoires thermiques. Leur réhabilitation est rentable à court terme, puisque les économies en dépenses de santé sont supérieures aux coûts de rénovation.
En 2018, une étude a estimé que la rénovation de 600 000 logements inadaptés en France, habités par des ménages modestes coûterait 6,5 milliards d’euros, tout en engendrant une baisse des coûts de santé de près de 500 millions d’euros par an. L’investissement de rénovation serait ainsi rentabilisé en moins de quinze ans. Le doublement de la population urbaine mondiale prévu d’ici 2050 nécessitera des solutions de logement qui ne pourront pas toutes être absorbées par la construction dans le neuf. Pour le climat mais avant tout pour la santé de chacun, une vague de rénovations massives et performantes est indispensable à l’échelle mondiale.
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