Rénover en temps record grâce à l’industrialisation,
le pari EnergieSprong
le pari EnergieSprong
Initié aux Pays-Bas, le programme EnergieSprong se décline désormais en Europe et en Amérique du Nord. Son principe : démocratiser les rénovations énergétiques grâce à l’industrialisation permettant des travaux plus rapides et moins contraignants.

Certains termes sont si anodins qu’on en oublierait presque leur signification. Le mot “saut”, par exemple. Un dictionnaire le définit comme le “passage sans transition à un degré, à un état, une situation, un moment différents”. Voilà qui donne tout son sens à l’appellation “EnergieSprong”, littéralement “saut énergétique” en néerlandais, derrière laquelle se trouve l’une des solutions de rénovation énergétique les plus prometteuses du moment.
Lancée en 2010 aux Pays-Bas, EnergieSprong est une démarche initiée par le gouvernement néerlandais pour favoriser la rénovation rapide et à grande échelle de bâtiments existants. Elle garantit sur 30 ans un niveau “net zéro énergie” : après rénovation, le bâtiment produit autant d’énergie qu’il en consomme, et les économies ainsi réalisées financent à terme l’opération. L’urgence d’un tel objectif, déjà indispensable pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 dans l’Union Européenne, s’est accrue avec l’explosion des prix de l’énergie sur fond d’instabilité géopolitique.

Pour massifier ce genre d'opérations tout en abaissant ses coûts – ces derniers ont baissé de 50 % en 5 ans sur le marché néerlandais – la démarche EnergieSprong repose sur la standardisation et l’industrialisation. Ces procédés de préfabrication hors site permettent de réaliser la rénovation en site occupé dans un temps limité, sans avoir à reloger temporairement les habitants concernés ni à leur faire supporter des mois de travaux intrusifs. En fonction des situations, quelques semaines – voire une seule – suffisent à mener l’opération.
Concrètement, comment ça marche ?
Qu’il s’agisse de maison individuelle ou de logement collectif, un chantier de rénovation adoptant la démarche EnergieSprong repose sur trois éléments :
La toiture : des panneaux 100 % préfabriqués intégrant ossature, isolation et couverture constituent des sur-toitures modulaires, qui produisent de l’énergie renouvelable via des panneaux photovoltaïques.
La façade isolante : après un scan de la façade d’origine, une nouvelle façade est préfabriquée en usine en intégrant l’ossature, l’isolation, les menuiseries extérieures ainsi que les finitions, pour être ensuite posée contre la façade initiale.
Le module énergie : un système unique regroupe les équipements de chauffage, d’eau chaude et ventilation, en s'appuyant sur des pompes à chaleur et proposant en majorité de la ventilation double flux.
Des résultats dès la première année
En septembre 2021, l’Observatoire Coûts, Qualité et Impact des rénovations EnergieSprong a livré la première édition de son baromètre, chargé de suivre le déploiement des projets en France. Coopération internationale oblige, les données récoltées ont été communiquées aux acteurs du mouvement EnergieSprong des autres pays. En termes de performance énergétique, les projets pilotes (collectifs et individuels) ont permis d’atteindre et même de surpasser l’objectif de zéro énergie pour tous les usages, y compris d’appareils électroménagers : la production d’énergie est ainsi supérieure à sa consommation. Par rapport à l’existant, le besoin de chauffage est réduit de 75 %.

Soutenue par l’Union Européenne, cette coopération internationale repose sur de nombreux acteurs impliqués dans chaque pays, tant du côté de l’offre (agences d’architecture, entreprises de travaux, bureaux d’étude, industriels) que de la demande (bailleurs, collectivités publiques). Entre eux, le lien est fait par des facilitateurs chargés d’accélérer l’adoption du processus. L’un d’eux, Sébastien Delpont, dirige l’activité conseil de la société Greenflex ainsi que le programme EnergieSprong France. Selon lui, “il faut sortir de cette vision binaire qui consiste à faire soit peu de rénovations ambitieuses, soit beaucoup de rénovations peu ambitieuses”. Il ajoute : “On doit explorer une troisième voie : faire beaucoup de rénovations très performantes et moins chères, en ciblant les portions de patrimoine où ce type d’approche industrialisées est adaptée”.
Tous les bâtiments ne se prêtent en effet pas à la démarche EnergieSprong. Parmi les logements énergivores les plus concernés par cette méthode, Sébastien Delpont cite les immeubles construits après la Seconde Guerre mondiale avec des matériaux de basse qualité.
Une démarche internationale
Depuis 2017, la démarche EnergieSprong a séduit bien au-delà de son pays d’origine, les Pays-Bas, où plus de 5 700 logements ont déjà été rénovés selon cette méthode. La démarche se déploie désormais en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et en Italie. Des expérimentations sont également en cours en Amérique du Nord, avec des projets menés dans l’État de New York et en Californie, ainsi qu’à Vancouver et dans l’Ontario.
En 2018, le World Green Building Council, réuni au Canada, a distingué EnergieSprong en remettant à son fondateur le prix de l’entrepreneuriat pour le bâtiment durable. L’organisme avait alors salué le “leadership d’EnergieSprong dans la transition mondiale vers un parc immobilier net zéro énergie”. Le temps presse : à l’échelle de l’Union Européenne, qui compte plus de 30 millions de bâtiments énergivores, 85 % des bâtiments actuels existeront toujours en 2050, année échéance pour atteindre la neutralité climatique.
- En développant la solution ENERGY FAÇADE, Saint-Gobain répond à l’enjeu d’augmenter significativement la part d'énergies renouvelables dans les bâtiments résidentiels. Comment ? En intégrant directement des panneaux photovoltaïques dans la façade des bâtiments. Une innovation qui s’adapte à presque tous les types de construction, des façades traditionnelles aux façades entièrement préfabriquées, et qui montre bien que la durabilité peut aller de pair avec un design esthétique de haute qualité.
- En 2021, le salon de la transition énergétique BePositive a organisé une table ronde intitulée « Industrialiser la construction et la rénovation au service de la transition écologique ». Parmi les participants, EnergieSprong France tout comme Saint-Gobain étaient représentés. A l’issue de ce rendez-vous, Pierre-Emmanuel Thiard, Directeur Général Adjoint de Saint-Gobain France, avait déclaré : "la construction industrialisée hors site sera incontournable pour répondre aux défis de la décarbonation, de la performance énergétique et du bien-être dans les bâtiments à des conditions financières accessibles pour les occupants. Saint-Gobain s’engage pour développer les solutions technologiques qui vont permettre la diffusion massive de ce nouveau mode constructif en lien avec nos partenaires poseurs, installateurs et tous les acteurs de la chaîne du bâtiment".
- Saint-Gobain a été le partenaire construction de la société allemande de logement LEG Immobilien SE dans le cadre de la mise en œuvre de quatre projets pilotes de rénovation en série selon le principe Energiesprong à Mönchengladbach-Hardt en Allemagne. L’objectif ? Qu’après leur rénovation, toutes les maisons produisent elles-mêmes la totalité de la quantité d’énergie nécessaire pour le chauffage, l'eau chaude et l'électricité domestique. Avec cette particularité : les travaux de rénovation se font pendant que le bâtiment est habité. Les locataires n'ont donc pas à s'inquiéter de devoir déménager pendant la durée des travaux !
Crédit : Rabot Dutilleul Construction