La sécurité sanitaire, le nouveau défi des chantiers

La crise liée à la Covid-19 amène les acteurs de la construction à réorganiser leurs modes opératoires de façon durable : la sécurité sanitaire s’invite désormais sur les chantiers. Un formidable défi qui accélère les transformations du secteur.

Face à la crise, les chantiers se réorganisent

Sur les chantiers, le contexte sanitaire a entraîné une profonde transformation des modes opératoires. Objectif : assurer la santé de chacun. En bouleversant nos vies, l’épidémie de Covid-19, dessinerait-elle également les contours du chantier de demain ?

Une crise c’est aussi l’opportunité de se réinventer pour le meilleur. Et celle qui secoue la planète ces derniers mois ne déroge pas à la règle : en bouleversant les règles du jeu, elle invite à repenser ses réflexes. Notamment en matière de sécurité dans le secteur de la construction.

Alors, 2020, le début du chemin vers des chantiers « 100 % sécurisés » ? On peut en tout cas le penser car de nombreuses initiatives ont vu le jour. A commencer par la publication d’un guide de bonnes pratiques par l’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP), une institution française dédiée à la sécurité des employés du secteur. Régulièrement mis à jour, ce manuel est une véritable feuille de route « sanitaire », qui aide les entreprises à reprendre leurs activités. Son objectif est de protéger à la fois la sécurité de toutes celles et ceux qui interviennent sur le chantier, ainsi que leur santé face à la pandémie.

C’est là toute la difficulté posée par la Covid-19 : comment mettre en musique un chantier, sur lequel interviennent différents corps de métier, en respectant la distanciation sociale, le tout dans un planning serré ?

Car un chantier, c’est une petite planète autour de laquelle les entreprises du BTP gravitent, se croisent et se succèdent en un ballet savamment chorégraphié. En véritable homme-orchestre, le coordinateur Sécurité Protection de la Santé (SPS) veille sur la sûreté des hommes et du chantier, au côté du maître d’œuvre. Ensemble, ils gèrent la diversité des tâches, les interventions multiples et la coactivité. Car tout le monde s’accorde à dire qu’une coactivité bien maîtrisée assure un gain de temps précieux sur les plannings et les livraisons.

Mariage « Covid-19 et sécurité »

Le virus a chamboulé les règles du jeu et demande désormais de nouvelles postures pour répondre à un enjeu jusqu’alors inconnu : le risque épidémique. Certes, le secteur de la construction est rompu aux protocoles rigoureux et aux mesures de sécurité drastiques, mais ce n’est rien comparé à la crise de la Covid-19, qui pousse les enjeux sanitaires à leur paroxysme.

Prise de température, gel hydroalcoolique, distribution de masques… Les régulations d’accès au chantier sont extrêmement précises et contraignantes.

Désormais, il faut donc compter également avec les « gestes barrière », qui viennent s’ajouter à la liste – déjà longue - des protocoles de sécurité. Ce nouveau mariage « sécurité et Covid-19 » demande à repenser toute la vie sur un chantier et c’est pour permettre à chacun de s’y retrouver que l’on découvre désormais sur de nombreux chantier un nouveau profil au côté du SPS : le référent Covid-19 qui est chargé du bon respect de ces mesures…

Réorganiser les bases vie

Premier problème à résoudre : comment appliquer la distanciation sociale quand on sait que la proximité est importante sur les chantiers ? Sur les plus gros d'entre eux, des sens de circulation ont été mis en place pour limiter les croisements. Les bases-vies se sont, elles aussi réorganisées. Ici, un aménagement par rotation pour limiter les effectifs pendant la pause déjeuner. Là, un planning d’utilisation des salles de repos, relayé en temps réel sur des tableaux d’affichage. Ailleurs, la coactivité donne lieu à un jeu de chaises musicales, ce qui permet au plombier de succéder à l’électricien qui a pris lui-même le relais du plaquiste… Au lieu de se chevaucher, les opérations se succèdent… Et le chantier peut suivre son cours dans le respect de la sécurité sanitaire.

Le BIM et le Lean à la rescousse

Et pour y parvenir encore mieux, les responsables de chantier peuvent compter sur le BIM et le Lean Management. Le BIM ? Une maquette numérique en 3D qui reproduit de façon virtuelle l’ensemble d’un ouvrage. La « Lean Construction » est, quant à elle, une méthode qui permet d’aborder autrement le chantier en chassant tous les gaspillages et la surcharge de travail engendrée par des processus inadaptés. Si ces deux outils apportent déjà une réponse aux exigences de qualité et de performance sur les chantiers, ils peuvent également être mis au service de la prévention sanitaire/sécurité. De la modélisation des flux à l’organisation des plannings, en passant par la maîtrise de la coactivité ou la mise en place de réunions virtuelles : le Lean et le BIM pourraient améliorer de façon continue l’organisation du travail.

Quand l’un répartit les zones de dépôt de matériaux et de travail des équipes au sein des locaux, au plus près des besoins réels (on appelle cela une « micro zone Lean »), l’autre assure le contrôle de coactivité (4D du BIM). D’autres pistes pourraient faciliter la vie sur les chantiers comme la préfabrication sur-mesure pour gagner du temps sur l’assemblage.

Une chose semble certaine : la Covid-19 a amplifié le mouvement entamé par le secteur du bâtiment vers une organisation plus agile. Indubitablement, le chantier de demain sera performant, durable, digital… et 100 % sécurisé !


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