5 projets de rénovations originales à travers le monde par les experts de demain

À l’occasion du concours international Solar Decathlon Europe, des étudiants rivalisent d’ingéniosité pour penser la construction de manière durable et inventive. De Taïwan à la Suède, focus sur les projets les plus innovants de cette édition !

Construction durable et inventive

Créé aux Etats-Unis en 2002, le Solar Decathlon est une compétition internationale dédiée au logement économe en énergie. Sur le modèle des expositions universelles, des étudiants en architecture, en génie électrique ou encore en urbanisme présentent un prototype d’habitat durable, passif ou bioclimatique en utilisant les énergies renouvelables.

Depuis son lancement, l’évènement a été décliné sur différents continents. En juin 2022, la nouvelle édition du Solar Decathlon Europe est organisée en Allemagne, à Wuppertal. 18 équipes universitaires issues de 11 pays vont proposer des projets de rénovation urbaine correspondant à l’une de ces trois problématiques :

  • l’extension d’un bâtiment mal isolé construit souvent peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale avec des matériaux de faible qualité
  • la construction sur les espaces vacants entre deux immeubles voisins proches, afin de combler le vide
  • la surélévation d’un bâtiment via l’ajout d’un ou plusieurs étages

Dans tous les cas, l’objectif est de renforcer la capacité d’accueil des bâtiments tout en favorisant des solutions sobres en énergies et en ressources.

Sélectionnées parmi les 18 projets en compétition, voici cinq propositions innovantes imaginées par la jeune génération des futurs professionnels de la construction durable !

1 House For All (Taïwan)
1 HOUSE FOR ALL

L’équipe : Team Transdisciplinary Design Innovation Shop (TDIS)

L’école : National Yang Ming Chiao Tung University, à Taipei

Le projet : Avec près de 650 habitants par kilomètre carré en moyenne, l’île de Taïwan affiche une densité de population extrêmement élevée - c’est plus du double que celle du Royaume-Uni, et plus de six fois celle de la France. Dans ce pays insulaire d’Asie orientale où 80 % de la population vit en ville, chaque terrain vacant en zone urbaine représente une opportunité précieuse.

C’est notamment le cas à Taipei, capitale politique, culturelle et économique de l'île qui concentre près d’un tiers de la population.

Le projet 1 House for All, présenté par des étudiants de National Yang Ming Chiao Tung University, se veut être une alternative plus respectueuse de l’environnement aux traditionnelles “shop-houses”. Ces bâtiments à usage mixte de 4 ou 5 étages disposent généralement d’une boutique au rez-de-chaussée pour le commerce et d’un logement au premier étage. Imaginé en construction modulaire pour être facilement désassemblé puis réimplanté dans un lieu différent, ce projet destiné à toutes les générations de résidents repose sur trois éléments : sa neutralité carbone, des aménagements électro-ménagers communs ainsi qu’un espace convivial ouvert à tous. L’objectif : développer les relations sociales et l’entraide générationnelle tout en profitant au maximum de l’espace disponible.

Plus d’infos : https://www.instagram.com/team.tdis.taiwan/

Le Col de l’Arzelier (France)
COL DE L'ARZELIER

L’équipe : Team Auvergne-Rhône-Alpes (Team AuRA)

L’école : l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (et ses partenaires)

Le projet : Quitte à rénover de fond en comble un bâtiment existant, autant s’attaquer à un immeuble abandonné pour lui redonner vie. Dans les territoires montagneux, leur nombre augmente à mesure des fermetures de stations de sports d’hiver, contraintes de cesser leur activité à cause du trop faible enneigement. L'équipe AuRA a trouvé un exemple frappant à 35 km de Grenoble, au Col de l’Arzelier. 

Situé à 1 154 mètres d’altitude, un ancien hôtel typique des années 1970, fermé depuis près de deux décennies, symbolise les conséquences du changement climatique sur cette zone. Engagés dans une démarche de protection des ressources, les étudiants misent en partie sur le réemploi de matériaux pour renouveler l’isolation du bâti, prélude indispensable à sa réouverture…mais pas sous forme d’hôtel.

Pour réhabiliter ce bâtiment de 2 500 m², le projet prévoit de garder des espaces ouverts au public au rez-de-chaussée et au premier étage, envisagés comme des tiers-lieux ? (café, ateliers, etc.). L’équipe AuRA plaide pour “ la revitalisation des communautés rurales comme alternative au développement des méga-villes ”, sans pour autant opposer les deux : la notion d’équilibre territorial est au cœur de sa démarche.

Plus d’infos : http://team-aura.org/

Le Cube (Allemagne)
Le cube

L’équipe : LOCAL+

L’école : University of Applied Sciences Aachen

Le projet : “ Nous apportons du mouvement dans votre vie ! ” : avec ce crédo, l'équipe Local+ résume bien son étonnant projet. Le concept s’adresse à des résidents célibataires désirant habiter en communauté. La solution imaginée réinvente le concept de collocation : elle se matérialise sous la forme d’une petite pièce privative fermée de 4 mètres carrés. Un Cube, donc. Son intérieur contient un lit, des rangements et un tableau multi-fonctions, tandis qu’un bureau latéral peut être déplié depuis l’un des côtés extérieurs.

A chaque étage du bâtiment, un appartement occupe l’espace intégral, sans cloison. En lieu et place de chambres classiques séparées par des murs pour les colocataires, trois Cubes sont disponibles par appartement. Grâce à des roulettes, les Cubes peuvent être déplacés au sein de l’appartement, au gré des besoins des trois résidents. A la manière d’un Tetris, l’agencement du logement varie donc selon le moment de la journée, avec une priorité donnée à l’espace commun plutôt qu'individuel. Un tel fonctionnement allie gain d’espace et diversité de configurations spatiales : l’appartement peut devenir un espace de coworking studieux en journée, un lieu convivial en soirée puis un dortoir durant la nuit.

Plus d’infos : https://www.team-localplus.com/project

Ripple (Pays-Bas)
Ripple

L’équipe : VIRTUe

L’école : Eindhoven University of Technology

Le projet : Comme d’autres équipes participant à cette édition du Solar Decathlon, VIRTUe a imaginé son projet pour une installation dans la ville hôte de l'événement, Wuppertal. Plus particulièrement dans l’un de ses plus célèbres lieux de convivialité, le café ADA, même si la soixantaine d’étudiants de cette équipe pluridisciplinaire insistent sur le caractère transposable de leur concept. Baptisé “ripple” en référence à l’effet du même nom qu’on pourrait traduire par “effet domino”, le projet se veut ainsi comme la première étape d’un changement progressif dans le quartier concerné. L’idée consiste à surélever un lieu recevant du public (restaurant, magasin) en ajoutant une partie résidentielle dont le toit-terrasse sera accessible depuis la rue via un escalier extérieur. Les riverains du quartier peuvent donc ainsi accéder à certaines parties du bâtiment pour découvrir sa rénovation et son architecture, avec pour objectif d’insuffler le même désir de changement au sein de leur communauté.

A l’intérieur, la convivialité est encouragée par un choix simple : une même cuisine équipe deux appartements voisins, qui ne sont ainsi pas séparés par un couloir, comme dans un immeuble traditionnel, mais par une pièce commune favorisant les échanges - et le gain d’espace. Un réseau d'électricité intelligent baptisé EQUI optimise la production et la consommation énergétique. Photovoltaïque oblige, les capteurs d’EQUI permettent de lancer automatiquement des cycles d’appareil électroménager au moment le plus ensoleillé de la journée.

Plus d’infos : https://teamvirtue.nl/project/

C-Hive (Suède)
C-HIVE

L’équipe : Team Sweden

L’école : Université de technologie de Chalmers, à Göteborg

Le projet : Au cœur de la ville de Göteborg, les étudiants de l’équipe Sweden ont repéré un supermarché typique des années 1970 plutôt discret. Idéal pour tester leur intuition : par leur taille et ancienneté, ce genre de bâtiments sans âme se prêtera facilement aux rénovations et changements d’usage à moyen terme. Celle envisagée ici consiste à construire une structure sur le toit qui mixera logements et espaces de travail. Baptisé C-Hive, ce projet de surélévation doit évidemment prendre en compte plusieurs contraintes comme le poids de la nouvelle structure, d’où le choix de matériaux légers.

La structure de C-Hive sera ainsi composée d’une structure en bois, mais bénéficiera également de l’impression 3D de cellulose. Via ce procédé révolutionnaire développé au sein de leur université, les étudiants pourront disposer de pièces en “bois imprimé” conçues sur commande, et réutilisables. Cette ressource sera issue du recyclage des déchets de l’industrie forestière suédoise, ce qui paraît logique : le design du bâtiment est justement inspiré par les arbres, avec des références assumées entre murs et troncs, façade et écorce, toit et canopée. L’équipe Sweden poursuit la métaphore végétale pour résumer son projet : “tel un champignon jaillissant du sol, le neuf grandit au-dessus de l’ancien”.

Plus d’infos : https://www.c-hive.com/

 

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Tous les autres projets en lice peuvent être découverts sur le site de la compétition. Rappelons que le Solar Decathlon repose, comme son nom l’indique, sur dix épreuves, parmi lesquelles on trouve l’architecture, l’ingénierie, l’efficacité énergétique, l’innovation ou encore la viabilité financière. Un jury international est chargé de désigner l’équipe gagnante.

 

Crédit : © SUM / SDE 21/22 ; © TDIS / SDE 21/22 ; © AuRA / SDE 21/22 ; © LOCAL+ / SDE 21/22 ; © SDE 21/22 ; © VIRTUe / SDE 21/22