Comment mieux vivre le confinement ? Geneviève Thiaucourt nous répond.

Comment mieux vivre le confinement ? Geneviève Thiaucourt, médecin et directrice médicale et santé au travail de Saint-Gobain, nous répond. 

Depuis le début de la crise du Coronavirus, Geneviève Thiaucourt travaille au déploiement des mesures sanitaires dans le Groupe pour assurer la santé et la sécurité de tous les collaborateurs. Aujourd’hui, alors que beaucoup vivent une situation inédite de confinement, elle nous livre ses conseils pour traverser cette période.

Cette crise du Covid-19 entraîne la planète entière dans une situation inédite, inquiétante. Comme médecin et comme directrice médicale de Saint-Gobain, avez-vous identifié des risques à prévenir ?

Cette situation n’est pas anodine sur notre santé. Elle majore l'anxiété – notamment parce que c’est une force extérieure qui nous contraint. Nous sommes un peu désorientés, irritables. Notre concentration est réduite, il peut y avoir de l'ennui et de l'isolement, une véritable incertitude… Pour les personnes au chômage partiel, un sentiment d’inutilité peut surgir. 

De nombreuses émotions se heurtent. Il faut les observer, les accueillir et les accepter. Savoir qu’elles sont éphémères et partager avec les proches, ça fait du bien. Enfin, essayer de trouver des points positifs dans la journée de la veille, pour se raccrocher...

Pour celles et ceux en confinement total, il s’agit également de veiller à la santé physique. Entre quatre murs, notre horizon est extrêmement limité et le manque d’activité physique nous pèse. La qualité de notre sommeil est souvent dégradée… ce qui peut induire des rations alimentaires excessives et une prise de poids mal vécue. Un rappel : immobiles notre besoin physiologique de base est en moyenne de 1500 calories seulement.

Face à ces risques, ces situations stressantes, quelles solutions chacun peut-il mettre en place ?

La première des mesures à mettre en place, c’est de réduire le bruit médiatique, de limiter le temps passé à consommer de l’information parfois effrayante et contradictoire.

Ensuite, au-delà du travail, se créer une routine, c’est rassurant, structurant. Mais attention, une routine bienveillante, avec des activités qui vous font du bien : lire, écouter de la musique et des podcasts, découvrir des films et des séries qu'on n'a pas eu le temps de voir, faire des jeux. S'accorder du temps, en somme. Et faire du sport, cela va de soi. Parce qu'à la fin de la journée, il faut qu'on soit rempli de quelque chose de positif en dehors des satisfactions possibles par le travail. 

En parallèle, même si ce n’est pas forcément évident quand on est confiné avec ses enfants, il faut essayer autant que possible de se réserver des moments seul.e. Se réserver du temps pour faire de petits exercices de relaxation, par exemple, en particulier si on ressent de l'angoisse ou du stress. Il existe des méthodes de respiration, de cohérence cardiaque.  

Lorsqu’on est en confinement total, comment maintenir le contact avec le monde extérieur ?

Garder le contact avec l’extérieur, même à distance, est effectivement primordial. Mais je recommande de choisir soigneusement avec qui on échange, en privilégiant les gens bienveillants.

Ce qui peut aider également, c’est d’être présent pour les autres, de s’inscrire dans une démarche de solidarité (appeler des personnes isolées, porter des courses à ceux qui ne peuvent pas sortir, etc.). En plus de réduire l’ennui et la frustration, cela permet d’avoir des contacts, un retour de gratitude et surtout un sentiment d’utilité, essentiel dans cette période déstabilisante. 

Le rôle des managers est crucial. Pour les équipes en télétravail, l’idée à retenir, c’est « chacun chez soi mais tous ensemble ». Mais au-delà d’un appel quotidien ou tous les 3 jours, il faut surtout être attentif à la qualité de la relation qu'on a avec ses collègues. Elle doit être sincère, pas trop intrusive et réciproque – nous faisons tous face aux mêmes difficultés. Et surtout nous devons veiller à circonscrire le temps de travail, car cette situation, l’enchaînement des réunions par call ou en visio-conférence, c’est épuisant.

Mais cette situation inédite et grave pourrait aussi être une opportunité : celle d’être plus attentif à soi et aux autres, plus concentré sur l’essentiel, et de renforcer ainsi les relations avec nos collègues pour une sincère collaboration loin des revendications inutiles. Cela peut constituer une base solide démontrant de la force du capital humain dans notre performance individuelle et collective.