Transport des matériaux : en route vers le durable

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le transport routier de marchandises est responsable de 16 % de la production mondiale de CO2 (1). Face à l’urgence climatique, de nouvelles solutions durables voient le jour : train, « co-voiturage », barge ou vélo… On fait le point.

Comment transporter mieux ?

Des transports plus smart et durables

Polluant, responsable de nuisances sonores et visuelles… N ‘en jetez plus ! Il était temps que le transport routier de marchandises opère sa mue vers des solutions durables. De nombreuses entreprises entendent marquer la rupture et se tournent ou créent des solutions alternatives. Le point sur ces initiatives audacieuses, étonnantes… et bénéfiques.
Pour transporter 5 000 tonnes de marchandises, il faut 250 camions chargés chacun de 20 tonnes, 125 wagons de train et seulement… 1 barge fluviale !
DRIEA Ile de France
« Le transport de marchandises : enjeux et opportunités pour l’Ile-de-France »

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Les nouveaux moyens de livraison visent à réduire la pollution, les émissions de CO₂ mais aussi les nuisances sonores.

Chaque année les matériaux qui bâtissent nos maisons, les objets qui les équipent et globalement l’essentiel des produits qui nous entourent parcourent des centaines voire des milliers de kilomètres sur les routes pour arriver jusqu’à nos portes. Et avec 6,4 millions de kilomètres de réseau routier aux États-Unis, 1,4 million au Canada, 1,1 million au Japon et en France ou bien 627 000 en Allemagne et 452 000 en Italie… les pays développés ressemblent un peu à de longues autoroutes marchandes.  

Mais alors, comment transporter moins ou transporter mieux, afin de limiter au maximum notre empreinte carbone ? Tout simplement en encourageant de nouveaux moyens de livraisons, plus sobres et alternatifs. En la matière, les initiatives ne manquent pas d’originalité et pourraient révolutionner le secteur des transports dans les années à venir.

 

Marchandises : un long fleuve tranquille

Avec sa nouvelle agence en bord de Seine, sur les quais de Javel à Paris (France), l’enseigne française de distribution de matériaux POINT.P mise sur le transport fluvial. Ses 2 péniches, l’Andromedia et la Freedom acheminent les matériaux et approvisionnent les différentes agences de l’enseigne, avant de repartir chargées des palettes consignées et des déchets de chantier récupérés par les agences. De plus en plus plébiscité par les entreprises, le mode fluvial semble promis à un bel avenir. Moins polluant, plus fluide et économique, il permet d’éviter chaque année 1 million de camions sur les seules routes de la région parisienne et 200 000 tonnes de CO2.

 

"Carburant vert" et train à hydrogène

Autre alternative prisée des grands groupes industriels et des entreprises : les flottes électriques, le "carburant vert" et les véhicules hybrides. L’enseigne POINT.P – encore elle ! -  mise désormais sur des camions « vertueux » puisque 46 % de sa flotte roulera au GNV (gaz naturel pour véhicules) dès la fin 2019. L’avantage du gaz naturel liquéfié ? Il produit jusqu’à 95 % de moins de particules de soufre et d’oxyde, et environ 80 % de moins d’oxyde nitreux. 

 

Cette alternative au diesel a déjà été mise en place dans d’autres enseignes européennes du Groupe Saint-Gobain comme le distributeur de matériaux de construction Distriplac en Espagne, qui a intégré un premier poids lourd « propre » à sa flotte. En Norvège, l’enseigne de distribution Optimera poursuit également ses efforts en matière de transport durable : 60 camions-grues ont déjà été équipés de moteurs antipollution Euro VI. Leur atout ? Une réduction considérable des émissions de NOx (polluants à base d’azote) et de particules. Par ailleurs, la filiale norvégienne dispose désormais d’un camion alimenté par batterie et biocarburants, offrant ainsi des livraisons sans émission et sans nuisance sonore pour le voisinage !

 

Pédale douce !

Si le transport fluvial ou une flotte de "camions plus vertueux" représentent de vraies alternatives pour décongestionner les routes et limiter les émissions de polluants, d’autres solutions « pédalent » pour le climat : les vélos ! Car il faut bien l’avouer : il est souvent impossible de se passer de la route ! Il faut alors se tourner vers des transports plus doux ou trouver des solutions d’avant-garde pour pénétrer au cœur des centres-villes. 

Aujourd’hui, il est en effet possible de se faire livrer en une heure un produit manquant sur un chantier grâce au service de coursier vélo proposé par la Plateforme du Bâtiment. Très en vogue également chez les artisans et les commerces de proximité, les triporteurs à assistance électrique (ou « vélos cargos ») assurent de plus en plus de livraisons écologiques du dernier kilomètre. 

 

Le co-camionnage pour réduire tous les coûts

 

De leur côté les grandes villes tentent de décongestionner leurs rues et limitent l’accès des camions. C’est l’initiative prise par la ville d’Amsterdam et c’est pour l’accompagner qu’est née LeanWorks. Cette filiale du Groupe Saint-Gobain aux Pays-Bas joue la carte de la livraison durable en… co-voiturage ! Enfin, en réalité, il s’agit de faire camion commun … Comment ? Les matériaux provenant de différents fournisseurs sont transportés sur un seul et unique camion, livrés sur sites, grâce à un calendrier partagé, et tous les déchets sont récupérés en retour. 

 

Un bon point en termes d’émissions de CO2, de recyclage et de coût du transport. Car le transport routier coûte cher et consomme beaucoup de carburant. Trop.

 

Les poupées russes de PAM

 

Alors, pour limiter les dépenses et réduire son empreinte carbone, Saint-Gobain PAM a imaginé une astucieuse solution pour transporter ses tuyaux de fonte ductile (dont le diamètre est parfois très impressionnant). Comment ? Tout simplement en emboîtant le plus petit tuyau à l’intérieur du plus grand, c’est le « système par téléscopage » et cela fonctionne à la façon d’une poupée russe ! Résultat : la place occupée lors du transport est optimisée et grâce à ce système PAM limite son nombre de camions sur les routes (256 véhicules en moins) et donc son impact environnemental. A la clé également, une réduction de 40 % des coûts de transport. 

 

Plus que jamais, le transport des matériaux et produits de consommation fait l’objet d’initiatives intelligentes et durables. De nouvelles solutions sont déjà l’étude comme les trains à hydrogène pour le fret (ils transportent déjà des voyageurs en Allemagne) ou les bateaux cargos électriques qui transporteront demain les containers de marchandises en émettant zéro émission ou presque ! Un pas de plus vers le transport durable…

 

 

(1) Comment les émissions de gaz à effet de serre évoluent-elle actuellement? Par Jean-Marc Jancovici

 

 

Crédits photos : Saint-Gobain, Saint-Gobain PAM, DR, Shutterstock

 

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