Le bâtiment public, prototype de la rénovation vertueuse ?

Entre les enjeux climatiques, les évolutions sociétales, la diversité des usages et les besoins grandissants, peut-on encore rénover les bâtiments publics comme on le faisait hier ?

Vers des bâtiments publics résilients

La rénovation des bâtiments publics s’impose aujourd’hui comme un enjeu majeur afin de répondre à l’évolution des usages et au bien-être des occupants. Au cœur de ses actions, la sobriété énergétique, le changement climatique et la rareté des ressources.

Des hôpitaux aux mairies, en passant par les établissements scolaires ou les cités administratives : les bâtiments publics présentent une grande diversité de typologies et d’usages. Mais appelés à durer dans le temps, ces bâtiments nécessitent pour la plupart des investissements d’envergure, afin de s’adapter aux nouveaux enjeux économiques, écologiques et sociétaux. 

Premier défi à relever : la réduction des consommations, dans une démarche de développement durable. Véritables passoires énergétiques, nombre de ces bâtiments affichent une empreinte carbone élevée et pèsent lourds sur les budgets des communes. La raison en est simple : hier, on ne construisait pas avec les mêmes règles thermiques qu’aujourd’hui. Résultat : de nombreux établissements scolaires – pour ne citer que cet exemple - arborent encore leur vieille structure en béton dotée, en prime, d’une mauvaise isolation. 

Un projet de rénovation ne doit pas se résumer à la seule sobriété énergétique. Cela demande une véritable réflexion en amont, afin d’offrir un confort et une qualité d’usage optimale.

Confort et qualité d’usage

S’il apparaît urgent d’accélérer la transition énergétique, ce n’est que la face émergée de l’iceberg. « Un projet de rénovation ne doit pas se résumer à la seule sobriété énergétique, estime Olivier Servant, Directeur de Saint-Gobain Solutions France. Cela demande une véritable réflexion en amont, afin d’offrir un confort et une qualité d’usage optimale. » Reprenons l’exemple de notre établissement scolaire : énergivore pour les communes, il n’offre pas non plus de conditions optimales pour l’enseignement. Courant d’air en hiver, étuve en été, néons, bruit… Or, un élève apprendra mieux s’il évolue dans un environnement sain, avec un bon confort acoustique et un éclairage naturel. Même constat dans les milieux hospitaliers. Des études soulignent que les patients récupèrent mieux et plus vite dans une chambre à température constante (aux alentours de 23°C), baignée de lumière naturelle. 

En cela, la rénovation énergétique doit s’envisager sous plusieurs prismes. Outre le confort thermique, la qualité des ambiances déterminera les solutions à privilégier dans le cadre d’une rénovation. Pour un établissement hospitalier, par exemple, il apparaît judicieux de se tourner vers des fenêtres à contrôle solaire et isolation renforcée, dotées de vitrage extra-clair pour laisser passer la lumière. Au vu de la crise sanitaire actuelle, les futures rénovations devront également intégrer le risque épidémique, avec des systèmes de ventilation efficients, et un choix de surfaces biocides. 

100 ans de durée de vie

 

« La rénovation des bâtiments publics doit également se penser sur le temps long, analyse Olivier Servant. Globalement, une construction a une durée de vie de 100 ans, avec une rénovation aux alentours des 50 ans. Il convient de réfléchir dès aujourd’hui aux enjeux de demain, en tenant compte de l’adaptabilité des usages et de la modularité des lieux. » Ce bâtiment sera-t-il amené à accueillir davantage de public ? Hébergera-t-il de nouveaux services ? Pourra-t-on convertir son espace facilement ? Dans une démarche prospective, on se doit d’anticiper sur les futurs usages. C’est le cas notamment de l’hôpital Saint-Joseph à Paris qui, dans le cadre d’une extension, a opté pour des façades F4 d’ISOVER. Démontable, ce bardage facilitera les projets de futurs agrandissements.

Rareté des matières premières

Penser le temps long, c’est aussi tenir compte de la rareté des matériaux et envisager le bâtiment public tout au long de son cycle de vie, jusqu’à sa démolition. 

Utilisation de produits biosourcés, recyclage de matériaux, matières issues de ressources renouvelables : la modernisation des bâtiments publics se veut avant tout durable et responsable. Mais pas que. La rénovation doit également se concentrer sur une conception « passive » et bioclimatique des bâtiments, afin de gérer au mieux la lumière du jour et la ventilation naturelle. 

Et le dérèglement climatique dans tout ça ? La question mérite le détour. En effet, les bâtiments publics accusent un certain retard sur les conséquences qu’il entraîne et les adaptations qu’il faudra apporter : régulation thermique, matériaux « anti-sismique », construction paracyclonique, résistance à l’humidité…

Le bâtiment public du futur sera résilient

Alors finalement, à quoi ressemblera le bâtiment public du futur ? Véritable couteau suisse, il sera modulaire, hybride, et frugal en énergie. A la fois intelligent et connecté, le bâtiment public à énergie positif (BEPOS) pilotera seul ses ressources et fonctionnera en parfaite autonomie. Entièrement démontable, il sera conçu à partir de matériaux biosourcés, recyclés, recyclables… Et pourquoi pas ré-employés !

L’idée du reconditionnement de certains produits (portes, serrurerie, etc.) fait d’ailleurs son petit bout de chemin. D’ici quelques décennies, on peut même imaginer de nouvelles filières, avec des banques de données de matériaux entièrement reconditionnés, à l’instar de nos téléphones portables. 

 

Crédits photos : Peter Milto / Shutterstock, Anna Brothankova / Shutterstock

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