Produits, matériaux : tout ce qui est naturel est-il… forcément plus durable ?

Cela semble évident : un matériau naturel est forcément sain et bon pour l’environnement. Ce n’est pourtant pas toujours le cas. Transformation gourmande en énergie, additifs chimiques, recyclabilité non démontrée… Tout produit d’origine naturelle est-il vraiment plus durable ? On fait le point.

« Attention aux préjugés. Tout ce qui vient de la nature n’est pas toujours plus écologique »

Dans l’inconscient collectif, tout ce qui provient de la nature est forcément bon pour la santé et la planète. Vraiment ? L’affaire n’est pas si simple. Il suffit de pointer du doigt le plomb ou l’amiante, deux matériaux d’origine naturelle, pour tempérer les ardeurs et dénouer certaines croyances. Le mot naturel nous renseigne uniquement sur l’origine du matériau : végétale, minérale ou animale. Cela ne signifie en rien que le produit soit absolument sain et sans impact pour l’environnement. Par exemple, certains matériaux biosourcés sont parfois mélangés avec d'autres matières premières lors de leur transformation en produits finis, puis traités avec des additifs chimiques pour renforcer leurs propriétés. Des additifs - fongicides, insecticides, ignifugeants hydrophobes - pas forcément neutres pour l’environnement ou notre santé. Il faut également garder en tête qu’un matériau biosourcé est certes renouvelable, mais pas toujours géré de façon responsable.

Attention à l’énergie grise

Quelle que soit son origine, les impacts environnementaux d'un produit doivent être évalués sur l'ensemble de son cycle de vie, de l'extraction des matières premières à sa fin de vie, en passant par sa production. Et à ce petit jeu, les gagnants ne sont pas toujours les produits dits « naturels ». Ainsi certaines cultures, comme celle du coton, sont très gourmandes en eau lorsqu'elles sont pratiquées de manière intensive. Par ailleurs le procédé de transformation nécessite de l'énergie et incorpore des composants dont la production a elle-même nécessité de l'énergie. D’autres matériaux biosourcés sont produits et transformés tellement loin de nos lieux de vie que leur transport génère une énergie grise (ou cachée) en faisant le tour de la planète avant d’arriver à bon port. Enfin, pour certains produits il n'existe pas d'autre option en fin de vie que la mise en décharge ou l'incinération. Seules les analyses de cycle de vie réalisées selon les standards internationaux permettent de connaître et de comparer les impacts de différents produits remplissant la même fonction ; en particulier l'énergie qui aura été consommée ou le carbone qui aura été émis sur l'ensemble du cycle de vie.

Local et durable

La durabilité d'un produit s'évalue donc sur l'ensemble de son cycle de vie ; au-delà des impacts sur l'environnement et la santé, il faut aussi apprécier les bénéfices durables qu'il apporte à ses utilisateurs. Voilà pourquoi le match « produits naturels vs industriels » n’a pas lieu d’être… Un isolant comme la laine de verre semble répondre à la quadrature du cercle. Et pour cause : fabriquée à partir de calcin (débris de verre issus de parebrises, de bouteilles, etc.), un matériau recyclable à l’infini !

Engagé depuis plus de 20 ans dans le développement durable, ISOVER, filiale de Saint-Gobain, propose la valorisation de la laine de verre usagée, avec son service ISOVER Recycling, qui collecte le matériau sur chantier, en vue de fabriquer de nouveaux produits d’isolation. Une première mondiale. Et la nouvelle laine de verre ISOVER utilise un liant biosourcé qui garantit des émissions très faibles de composés organiques volatiles (les fameux VOC). Enfin, la compression du produit dans un rapport de 1 à 8 permet de réduire considérablement l'impact du transport. 

D’autres isolants comme la fibre de bois tirent aussi leur épingle du jeu. Issus de ressources locales, coproduits de la sylviculture, ces matériaux allient performances thermiques, acoustiques, économies de ressources et empreinte carbone réduite. 

Bioplastiques : bio, vraiment ?

Dans cette course à l’innovation, de nouveaux matériaux prétendument plus écologiques sont apparus sur le marché, comme par exemple, les bioplastiques. A leur tête le PLA (acide polylactique) qui entend détrôner les polymères pétrosourcés par son origine principalement agricole (amidon de maïs, de blé, saccharose, etc.). Sur le papier, la promesse semble séduisante, mais Elise Contraires, maîtresse de conférences en science des matériaux, nuance les propos : « Attention aux idées reçues : bioplastique ne signifie pas biodégradable, tout dépend de la structure des molécules ! explique-t-elle. Certains plastiques issus du pétrole sont facilement biodégradables tandis que le PLA requiert des conditions industrielles particulières. Ce n’est pas forcément écologique et encore moins rentable. »

Zéro carbone, zéro chimie

Comble de l’ironie, et faute de filière de recyclage, le PLA devient un plastique à usage unique, alors que son cousin industriel, le PET, suit sagement les voies de la valorisation. C’est sans doute là, la leçon de l’histoire : tout ce qui est naturel n’est pas forcément durable. Ni même bon pour la planète. 

Finalement penser durable c’est anticiper le futur, en se penchant notamment sur la question de la valorisation des matériaux en fin de vie. C’est surtout envisager l’empreinte environnementale dans son ensemble pour essayer de trouver l’ultime matériau – naturel ou synthétique – qui s’approche du « Zéro carbone, Zéro toxicité ».

Crédits photos  :  Franck Dunouau/Saint-Gobain Glass ;  Saint-Gobain Isover

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