Déconstruire 13 idées reçues sur la construction durable

Vrai faux

À l’échelle de la planète, le secteur du bâtiment représente 36 % de la consommation d'énergie, 38 % des émissions de carbone et 50 % de la consommation de ressources. Il faut que cela change. Loin d’être un luxe, il est désormais impératif de recourir à des matériaux, solutions, méthodes et processus plus durables, une condition sine qua non pour assurer l’avenir de ce secteur.

Ce qui implique de promouvoir et d’encourager la construction durable. Cette dernière est bénéfique pour la planète, car elle est plus sobre en carbone, produit moins de déchets lors de la construction et de la démolition, et favorise un usage plus efficient de l’énergie, des ressources et de l’eau. Mais ce mode de construction est tout aussi bénéfique pour les personnes, car il crée des habitats plus sains et plus confortables pour leurs occupants, avec des chantiers plus sûrs pour les ouvriers. Le tout, sans faire de compromis sur la valeur économique ni la qualité du bâtiment.

Or, les projets de construction durable souffrent de nombreuses idées reçues. Démêlons le vrai du faux.

 

1. La construction durable est une démarche environnementale VRAI, MAIS CE N’EST PAS TOUT

 

Le secteur du bâtiment émet beaucoup de carbone, de déchets solides, de pollution. Il nécessite d’importants volumes d’énergie et de ressources naturelles non renouvelables. Justement, la construction durable consiste à atténuer, voire à inverser ces effets nocifs. Pour y parvenir, elle s’appuie sur deux facteurs : la décarbonation, c’est-à-dire, alléger l’empreinte carbone du bâtiment tout au long de son cycle de vie, et une utilisation plus efficiente des ressources naturelles, notamment à travers une démarche de circularité.

L’empreinte carbone totale d’un bâtiment se compose de deux facteurs : le carbone incorporé et le carbone opérationnel. Le premier recouvre les émissions de CO2 issues de la fabrication, du transport, de l’installation, de l’entretien et de l’élimination des matériaux et des produits de construction. Quant au carbone opérationnel, il correspond à l’ensemble des émissions de toutes les sources d’énergie utilisées pour chauffer, refroidir, ventiler, éclairer et alimenter le bâtiment.

En effet, la construction durable possède bel et bien une dimension environnementale. L’objectif est pluriel : viser un rendement énergétique élevé, recourir davantage aux énergies renouvelables, à des matériaux et des solutions bas carbone, utiliser moins de ressources épuisables et d’eau douce, accroître la durée de vie et le taux d’occupation des bâtiments, réduire les volumes de déchets de construction et de démolition non valorisés. Mais ce n’est pas tout.
Car la construction durable consiste aussi à prendre soin des personnes, avec des chantiers plus sains et plus sûrs pour les ouvriers, des intérieurs plus sains et plus confortables pour les occupants. Au-delà de ces deux piliers du développement durable (mieux pour l’environnement, mieux pour les personnes) se trouve aussi un enjeu de performance : une construction durable ne fait aucun compromis sur la valeur économique ni la qualité du bâtiment.

 

2. La construction durable, c’est juste une autre façon de désigner la construction légère FAUX

 

Quand on parle de construction légère, on parle de techniques de construction qui s’appuient sur certains matériaux (acier, bois, matériaux dérivés du bois et béton) pour composer l’ossature d’un bâtiment. Ils sont utilisés soit seuls, soit en combinaison (hybride). Par ailleurs, la construction légère implique d’utiliser des systèmes et des modes d’assemblage allégés pour les murs, plafonds, façades, planchers et toitures.

Enfin, une construction légère est plus flexible et modulaire qu’une construction classique. Lorsque le bâtiment arrive en fin de vie, il est plus facile de le démonter, puis d’en réutiliser ou recycler les matériaux. Autant d’atouts qui expliquent pourquoi ces techniques sont souvent utilisées dans les projets de construction durable.

Néanmoins, une construction durable n’est pas nécessairement légère. Le bâtiment peut être composé de murs porteurs lourds et massifs, en briques ou en béton. Ces techniques cherchent elles aussi à se décarboner, à utiliser plus efficacement les ressources naturelles. Ainsi, des entreprises telles que Chryso contribuent à développer de nouvelles formules de béton, qui contient 50 % de CO2 en moins par rapport à un béton standard.

 

3. Un bâtiment durable donne la priorité à la protection de l’environnement, au détriment du bien-être de ses occupants FAUX

 

Un bâtiment durable affiche à la fois une faible empreinte environnementale et des performances élevées en matière de santé et de bien-être, tant pour les ouvriers que pour ses occupants. Réduire l’empreinte carbone d’une construction sur toute sa durée de vie et optimiser l’utilisation des ressources ne peut se faire au détriment des habitants. Enfin, un bâtiment durable multiplie les atouts pour ses occupants : meilleure qualité de l’air intérieur, meilleure isolation sonore, meilleur confort thermique et meilleur confort visuel.

 

4. La construction durable consiste à créer ou à rénover des bâtiments bas carbone

VRAI, MAIS CE N’EST PAS TOUT

 

Bien sûr, l’objectif d’une construction durable est de créer ou rénover des bâtiments bas carbone (ou à tendre vers des bâtiments zéro carbone).

Un bâtiment bas carbone émet peu de CO2 sur l’ensemble de son cycle de vie (Life-Cycle Carbon, WLC). Pour déterminer son WLC, on calcule l’intégralité du CO2 émis par ses matériaux, sa construction et son utilisation, sur toute sa durée de vie, jusqu’à sa démolition et son élimination. Cette analyse dresse un bilan fidèle de son impact environnemental, du début à la fin. Elle tient compte à la fois du carbone incorporé et du carbone opérationnel. Ce dernier peut être réduit en améliorant le rendement énergétique du bâtiment (grâce à une bonne isolation de l’enveloppe) et en recourant à des énergies bas carbone, renouvelables notamment, si possible produites sur place, pour faire fonctionner le bâtiment. Quant au carbone incorporé, il peut être atténué en sélectionnant des matériaux et des solutions bas carbone.

Mais la construction (et la rénovation) durable va bien plus loin que la décarbonation. Elle consiste à utiliser plus efficacement les ressources naturelles, sans produire de déchets non valorisés qui finiront en décharge, et à adopter des solutions qui améliorent la santé et le bien-être des ouvriers comme des futurs occupants.

 

5. Pour construire ou rénover un bâtiment de manière durable, mieux vaut privilégier les matériaux locaux et biosourcés
FAUX

 

En matière de développement durable, rien n’est jamais ni tout noir, ni tout blanc. Bien sûr, on ne peut nier que les émissions issues du transport des matériaux de construction, entre l’usine où ils sont fabriqués et le chantier, contribuent à l’empreinte carbone d’un bâtiment. L’une des solutions envisageables est de réduire cette distance. Ainsi, les urbanistes du quartier BedZED, dans le sud de Londres, ont réussi à s’approvisionner en matériaux dans un rayon moyen de 107 km, soit 64 km de moins que la moyenne au Royaume-Uni. Ce qui a permis d’économiser 120 tonnes de CO2 et 2 % du CO2 incorporé du projet.

Mais ce n’est pas le seul moyen d’alléger l’impact du transport. On peut privilégier des modes de transport bas carbone, tels que des camions roulant au biogaz, ou la voie fluviale, comme c’est le cas pour le chantier de Paris 2024. Enfin, l’emballage des matériaux joue lui aussi un rôle : par exemple, un isolant en laine de verre comprimé à un dixième aura un impact bien plus faible qu’un isolant non compressible transporté sur une distance plus courte…

De même, les matériaux biosourcés ne sont pas nécessairement plus écologiques que les autres. Ils peuvent par exemple contenir des substances dangereuses (ignifugeants, additifs contre les moisissures…). Tous les produits manufacturés ont une empreinte carbone, qu’il faut analyser sur toute leur durée de vie. Et ce n’est pas parce qu’un article est fabriqué à partir d’un processus énergivore qu’au final, cette empreinte sera forcément plus grande. Attention aux idées préconçues : mieux vaut se fier aux faits et aux chiffres. Ainsi, l’empreinte carbone d’un isolant en laine de verre est très souvent inférieure à celle d’un isolant en fibre de bois.

En outre, les produits d’origine minérale deviennent de plus en plus durables à mesure que leur fabrication gagne en sobriété énergétique, se décarbone, et utilise des matières premières secondaires (contenu recyclé et coproduits d’autres industries).

Pour connaître et comparer l’empreinte carbone (et plus généralement l’impact environnemental) de différents produits de construction, la meilleure solution reste d’étudier les résultats de leur ACV (analyse du cycle de vie, disponible dans leur EPD ou FDES, fiche de déclaration environnementale et sanitaire). Ces informations doivent être examinées minutieusement, comme l’expliquent les lignes directrices ACV/EPD récemment publiées.

 

6. La construction durable consiste à préserver/économiser les ressources naturelles VRAI

 

La gestion des ressources et leur circularité sont l’un des grands piliers de la construction durable. L’idée est de consommer moins de matériaux non renouvelables, moins d’eau douce, et de produire moins de déchets non valorisés, tout au long du cycle de vie du bâtiment. Cela passe, entre autres, par une volonté de tendre vers une filière dite sèche (éviter tout matériau à forte consommation d’eau, comme le béton à base de ciment), et, pendant l’occupation du bâtiment, d’aider les habitants à récupérer le maximum d’eau de pluie, de réduire les possibilités de fuites le long des canalisations. Mais ce n’est pas tout. Il faut également prolonger la durée de vie et le taux d’occupation du bâtiment, réduire considérablement les volumes de déchets mis en décharge lors de sa démolition ou, mieux encore, de son démontage. Autre façon de tendre vers la résilience hydrique : employer des ossatures en métal ou bois, préfabriquées en usine, et qui ne nécessitent donc aucun matériau humide sur le chantier. Au début des années 1990, le BREEAM (organisme britannique de certification environnementale des bâtiments) a imposé aux constructions neuves de limiter à six litres le volume de chasse d’eau des toilettes domestiques, soit un tiers de moins que la norme industrielle de l’époque. Mais l’eau n’est pas le seul enjeu. S’il s’agit de la ressource la plus consommée, le sable arrive juste derrière. Principal ingrédient du ciment, il est pourtant épuisable. Le sable du désert n’étant pas adapté à la construction, les projets durables viseront à en utiliser le moins possible.

 

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7. Toute construction, qu’elle soit durable ou non, produit les mêmes quantités de déchets ! FAUX

 

Les bâtiments génèrent beaucoup de déchets, pendant leur construction comme pendant leur démolition. Or, les résidus de ces deux étapes représentent environ 40 % de l’ensemble des flux de déchets solides sur la planète.

Au Royaume-Uni, on estime que le secteur du bâtiment est responsable d’un tiers des déchets solides qui finissent en décharge, soit environ 77,4 millions de tonnes. En Chine, les résidus de construction et de démolition représentent entre 1,55 et 2,4 milliards de tonnes par an, soit 30 à 40 % des déchets urbains. Et au-delà des immenses volumes qu’ils représentent, la plupart de ces déchets sont mis en décharge sans être valorisés.

Or, il est possible d’alléger considérablement cette empreinte en passant par une conception et une construction plus durables. Des solutions peuvent être mises en place pour limiter fortement les quantités de déchets sur le chantier, faciliter le démantèlement en fin de vie et trier les matériaux à la source, afin de favoriser leur réutilisation ou leur recyclage, éventuellement en circuit fermé. Dans l'Union Européenne, le verre de construction n’est presque jamais recyclé. Pourtant, s’il l’était, cela éviterait la mise en décharge de 925 000 tonnes de déchets chaque année, réduisant ainsi les émissions de carbone de 230 000 tonnes par an.

 

 

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8. Une construction durable, ce sont des matériaux plus sains… pour ceux qui les installent sur le chantier, comme pour les futurs occupants
VRAI

 

La construction durable est bénéfique pour tous, tant pour les ouvriers sur les chantiers que pour les occupants.

Cette démarche s’appuie sur des solutions qui réduisent l’exposition des ouvriers à des substances dangereuses pendant l’installation et améliorent leurs conditions de travail (produits plus légers, non irritants, moins de poussière, absence d’odeur désagréable…). Avec au final, un environnement intérieur plus sûr et plus confortable pour les occupants : qualité de l’air intérieur, isolation sonore, confort thermique et visuel, tout est amélioré.

 

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9. Un bâtiment durable est un bâtiment flexible, modulaire, multi-usages, polymorphe
FAUX

Souvent, il faut moins de temps et de ressources pour convertir un bâtiment que pour en construire un neuf. Justement, une construction durable peut être modifiée et réaménagée pour répondre à différents usages. Cette modularité doit être envisagée en amont, dès l’étape de conception, car elle peut prolonger la durée de vie du bâtiment. Plus flexible, plus facile à reconvertir, ce dernier ne sera pas démoli aussi vite qu’un bâtiment conventionnel, retardant ainsi les émissions de carbone associées à une construction neuve.

 

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10. Un bâtiment durable doit être facile à démolir/démanteler/démonter
VRAI

 

Une fois arrivé en fin de vie, un bâtiment durable doit laisser une empreinte aussi faible que possible sur l’environnement et sur le site qui l’accueille. En termes de ressources et de circularité, l’un des principes de la construction durable est de valoriser un maximum de matériaux de construction et de démolition. Or, pour rendre leur réutilisation ou recyclage économiquement viable, ces matériaux doivent pouvoir être facilement séparés et triés sur le chantier de déconstruction.

Ainsi, le bâtiment construit pour accueillir les responsables politiques pendant la présidence néerlandaise du Conseil de l’UE, a été démantelé une fois le mandat terminé. Le bioplastique utilisé pour le fabriquer par impression 3D a été recyclé dans de nouveaux projets de construction durable. Les revêtements de type Façade F4 de Placo® ou le Placotherm INTEGRA sont plus faciles à démonter et à réutiliser que les blocs de béton ou de mur, facilitant ainsi leur réemploi.

 

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11. Une construction durable ne consisterait-elle pas, avant tout, à rénover le bâti existant ?
VRAI ET FAUX

 

À l’échelle mondiale, il faudra construire 96 000 nouveaux logements abordables par jour pour loger les 3 milliards de personnes qui auront besoin d’un toit d’ici 2030. Or, certains territoires ne disposent pas de l’espace nécessaire pour construire des bâtiments neufs. Ils doivent donc rénover le parc de logements existants, voire réhabiliter l’immobilier commercial pour le réaffecter à de nouveaux usages.

En Europe, environ 200 millions de bâtiments construits avant 2001 seront toujours debout en 2050. Là où les terrains sont rares et le parc immobilier vétuste, la construction durable se concentrera donc sur les chantiers de rénovation.

En Californie, le projet Homekey mené par le comté d’Orange achète et réaffecte des hôtels, motels, appartements vacants et autres bâtiments pour accueillir des personnes sans domicile. De même, la stratégie adoptée par le ministère égyptien du logement vise à remettre sur le marché des habitats vacants et/ou désaffectés. Ces deux cas relèvent d’une volonté de rénovation, qui peut être étayée par des méthodes et des matériaux durables.

En revanche, l’Inde répond à sa pénurie de logements en déployant rapidement et à grande échelle des habitats neufs, en matériaux légers.

Ainsi, selon l’endroit où l’on se situe dans le monde, la construction durable peut prendre deux formes : rénover l’ancien ou bâtir du neuf.

 

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Tour Norway

12. Tous les bâtiments éco-conçus et éco-construits se ressemblent, car la construction durable uniformise l’architecture
FAUX

 

Les bâtiments éco-construits peuvent être tout aussi esthétiques ou impressionnants que ceux construits de manière conventionnelle. Ce mythe, selon lequel tous les bâtiments durables se ressemblent, vient peut-être des maisons préfabriquées des années 1950, à l’uniformité monotone. Parmi les exemples de rénovations ou de constructions neuves durables et innovantes, citons Mjøstårnet, la plus haute tour en bois du monde en Norvège, le bâtiment universitaire Echo aux Pays-Bas, Ostro Passivhaus en Écosse et Casa Azul à Guarujá au Brésil. Pour sortir du lot, un bâtiment durable n’a pas forcément besoin d’être neuf. Il suffit d’utiliser des produits légers et préfabriqués sur certaines parties de sa structure (toiture, terrasse, bardage et moulure) pour apporter de l’originalité à l’ensemble. Le Yale Science Building, tout comme l’aéroport international de Tampa, a fait installer des moulures de la gamme CertainTeed, donnant lieu à des aménagements intérieurs aussi impressionnants qu’étonnants. Et certains immeubles durables rivalisent d’originalité. C’est le cas de l’EDEN à Singapour, dont les balcons évoquent des jardins suspendus. Bien que tous les appartements soient similaires, l’immeuble se distingue nettement des autres tours avoisinantes. De même, l’éco-quartier The Wintles au Royaume-Uni est constitué de 12 maisons écologiques à ossature en bois, avec chacune sa propre personnalité.

La tour Saint-Gobain, près de Paris, constitue, elle aussi, un exemple de bâtiment extraordinaire, vitrine du savoir-faire du groupe en construction durable.

Rappelons que dans notre vision de la construction durable, l’esthétique est l’un des facteurs clés du pilier qualité, en matière de performance. Pour Saint-Gobain, développement durable et performance vont de pair.

 

13. La construction ou la rénovation durable coûtent plus cher
VRAI ET FAUX

 

Il est vrai que l’accessibilité financière peut être un frein à l’acquisition ou à l’occupation de bâtiments conçus, construits ou rénovés de manière responsable. Pour quatre entreprises britanniques sur dix, le coût est le principal obstacle à l’adoption de pratiques de construction durable. En outre, des études ont montré que des coûts initiaux plus élevés, ainsi qu’un manque d’éducation, de sensibilisation et d’incitations, ont ralenti l’évolution vers une construction zéro carbone à Hong Kong et à Singapour. La construction durable est donc perçue comme plus coûteuse. Or, même si son coût initial est légèrement plus élevé, un bâtiment écologique neuf a un coût d’exploitation inférieur à celui d’un bâtiment conventionnel : 14 % de moins sur cinq ans, selon le World Green Building Council. Dans certains cas, l’option la plus écologique est aussi la plus économique. Les concepteurs du projet BedZED, dans le sud de Londres, ont utilisé des fenêtres à cadre en bois très durables et constaté qu’elles étaient moins chères que le PVC, et que l’acier et le bois de récupération étaient moins onéreux que des matériaux neufs. En outre, les granulats et le sable recyclés sont plus abordables que leurs équivalents vierges. La rénovation réduit elle aussi le coût d’exploitation d’un bâtiment, car certains travaux, tels que la pose d’un double vitrage, assurent un meilleur rendement énergétique qui réduit les factures d’énergie des occupants. C’est le cas de tous les efforts d’isolation. Ces apports améliorent la valeur immobilière du bâti, ainsi que son classement énergétique. À Prague, en République tchèque, un immeuble de 24 appartements datant des années 1980 a vu sa valeur augmenter de 27,5 % après rénovation, sa classe énergétique étant remontée de E à B. Au niveau locatif, les bureaux durables affichent des taux d’occupation plus élevés, un turnover plus faible, et des loyers plus élevés. Les salariés installés dans des bâtiments responsables se déclarent plus satisfaits de leur travail et s’avèrent plus productifs. Dans les écoles durables, les élèves apprennent mieux. En général, les bâtiments responsables sont mis sur le marché à un prix supérieur à celui d’un bâtiment classique, et en fin de vie, leur valeur résiduelle est elle aussi plus élevée.


D’où l’importance d’étaler la réflexion sur toute la durée de vie du bâtiment, en tenant compte de l’ensemble des coûts, mais aussi des économies et des bénéfices engendrés.

 

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Incendies de forêt dus à des canicules, inondations généralisées causées par la fonte des glaciers… En 2022, les effets du réchauffement climatique se sont fait brutalement ressentir. En multipliant le recours à des matériaux et des procédés de construction durables, le secteur du bâtiment agit concrètement pour lutter contre ce phénomène et en atténuer les conséquences néfastes. Toutefois, il est essentiel de mieux sensibiliser le grand public aux techniques de construction durable, de dissiper les craintes et les malentendus à ce sujet. Certaines questions ont des réponses claires : pour d’autres, la situation est plus nuancée. Mais en apportant des précisions, en livrant les certitudes indiscutables, la demande en solutions bas carbone, plus circulaires, ne devrait pas manquer de croître, tant du côté des consommateurs finaux que de l’offre (architectes et promoteurs immobiliers).

 

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