Pourquoi (et comment) les entreprises doivent investir dans des startups ?

Apprendre, s’inspirer, comprendre, développer, devenir plus agiles : les grandes entreprises ont beaucoup à gagner à investir dans des startups. Et pas seulement de l’argent. On vous dit pourquoi (et comment).

Ce que les entreprises ont à apprendre des startups

Investir dans des startups ? Un vrai levier d’innovation pour de plus en plus de grandes entreprises. Pourquoi ? Pour voir naître de nouvelles idées et de nouveaux modèles d’entreprises qui sauront faire évoluer les produits et services existants. Mais, pour réussir, l’entreprise qui investit doit savoir rester souple et s’adapter aux étapes d’évolution de la startup.

Comment les entreprises établies peuvent-elles réagir face au dynamisme des startups et aux produits innovants qu’elles imaginent et qui bouleversent parfois leurs activités traditionnelles ? Faire le dos rond, casser les prix et s’en remettre au nom d’une marque réputée ? Évidemment insuffisant pour retenir les clients. 

Au contraire, les entreprises doivent se remettre en question et sortir des sentiers battus, et plutôt que de craindre les startups innovantes, prendre contact, collaborer et même investir dans ces « empêcheurs de tourner en rond ».

Il paraît paradoxal d’aider des sociétés qui cherchent à séduire les mêmes clients, mais pour une entreprise, sans innovation point de salut. Investir dans le capital des startups devient une nécessité pour les grandes entreprises si elles veulent rester dans la course à l’innovation et apprendre de leurs jeunes perturbateurs à mesure que ceux-ci se développent. 

« Le monde des startups constitue un écosystème très intéressant car c’est le lieu d’éclosion des entreprises de demain », indique Minas Apelian, Directeur Internal & External Venturing chez Saint-Gobain. « Il s’agit d’un environnement où les idées jaillissent à toute vitesse, un terrain fertile pour repérer les tendances, ramener des informations précieuses dans l’entreprise et prendre de meilleures décisions stratégiques. »

Le saviez-vous ?

Le capital investissement est né... au Moyen-Âge !
"Le capital investissement était déjà utilisé au Moyen-Âge, en Europe. Des apporteurs de capitaux s'associaient à un équipage placé sous la responsabilité du capitaine d'un navire. Objectif : livrer ou rapporter une cargaison d'épices ou de produits précieux. Le profit était partagé selon des règles proches de celles encore en vigueur"

Investir mais comment ?

De Google à Sesame Street en passant par Kellogg’s, presque toutes les grandes entreprises investissent aujourd’hui dans les startups. Saint-Gobain le fait avec NOVA, son département de capital-investissement qui accompagnent les startups dans le secteur de la construction et du bâtiment. Dans le monde, le capital-investissement a atteint 53 milliards de dollars en 2018, alors qu’il ne représentait que 10 milliards en 2013, selon l’analyste des marchés CB Insights. 

Cela étant, le capital-investissement d’entreprise peut prendre différentes formes. Certaines sociétés choisissent de suivre une démarche purement financière par le biais d’une entité légale spécialisée qui investit en son nom. D’autres cherchent à réaliser des investissements stratégiques dans des secteurs nouveaux et porteurs pour elles : soutien aux startups capables d’optimiser les processus de leurs activités ou ouvrir l’entreprise aux idées nouvelles ou à des modèles de développement novateurs. D’autres enfin mettent en œuvre de véritables partenariats.

En finançant et en participant au développement de startups, les grandes entreprises peuvent enclencher une dynamique génératrices d’idées innovantes, vertueuses, enthousiasmantes et génératrices de business. Mais pour que ce mariage des « contraires » fonctionne, les groupes « traditionnels » doivent savoir s’adapter aux rythmes et usages de leurs juvéniles partenaires. 

Comment travailler avec une startup ?

 

Même si dans les grands groupes, le temps de prise de décision se raccourcit de plus en plus, il reste encore un peu étiré par rapport à celui d’une startup dont l’agilité est un moteur esssentiel. Voilà peut-être pourquoi les structures de capital-investissement de grandes entreprises disposent souvent d’une grande liberté d’action, et même d’une certaine forme d’indépendance. Elle leur permet de conclure des accords rapidement et de s’adapter un peu plus facilement au rythme trépidant des jeunes pousses auxquelles elles croient. 

Investir ou co-construire 

Mais le mariage d’une grande entreprise et d’une startup n’est pas forcément seulement financier. Et chacun a à (ap)prendre de l’autre. En effet, même si de nombreuses startups se tournent vers de grands groupes en quête d’argent… ce n’est pas forcément l’essentiel ! Ce qu’elles cherchent aussi, c’est leur expertise sectorielle, leur capacité à naviguer dans les méandres de l’administration et des autorités régulatrices et, surtout, les avancées permises par leurs services de recherche et développement. 

Alors comment investir ?

Les investisseurs doivent avant tout s’intéresser aux secteurs qui sont pertinents pour eux, dans lesquels ils disposent d’une expertise approfondie, des secteurs qui peuvent valoriser le plus une entreprise. Ainsi, Qualcomm Ventures, la filiale de capital-investissement du fabricant de puces électroniques éponyme, se concentre sur les technologies de pointe dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la robotique, de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée. Ici, le rôle de Qualcomm Ventures est double : son expertise dans le développement de nouveaux produits technologiques aide ses startups-partenaires à éviter les premiers écueils, tandis que l’adoption croissante de ces produits génère une demande plus forte pour l’activité pivot de Qualcomm, à savoir la production de puces électroniques. 

Dans leur recherche de partenariats prometteurs, les grandes entreprises doivent aussi s’assurer de ratisser large car un bouleversement (technologique ou d’usage) peut survenir sur n’importe quel point de la chaîne logistique… Ce qui implique d’accepter aussi de s’éloigner de son cœur de métier. Comme beaucoup d’autres industries, le secteur de la construction et du bâtiment constitue pour les startups une mine d’opportunités pour l’innovation technique et la mise en œuvre de nouvelles performances. Voilà pourquoi chez Saint-Gobain, la mission de NOVA est avant tout de trouver les candidats prêts à bousculer les codes du secteur.

Des participations minoritaires plutôt que des acquisitions 

Investir dans une startup peut être la première étape avant de l’acquérir. Or, étrangement, on constate que les transactions qui se soldent par un rachat total sont l’exception. Les grandes entreprises ont tendance à privilégier des participations minoritaires, qui leur permettent de prendre part aux discussions sans pour autant être trop présentes. Pourquoi ? A cause du niveau de risque associé à l’acquisition d’une startup fraîchement créée. « Il va s’agir d’investir massivement dans un projet qui sera couronné de succès… ou pas », précise Minas Apelian. L’autre raison, c’est le contraste qui reste important entre les méthodes des grandes entreprises et celles des startups, même s’il tend à se réduire : mieux vaut tout de même se retrouver à mi-chemin.

Le partenariat au-delà du seul financement

Mais le financement ou la prise de participation ne sont pas les seules façons dont une grande entreprise peut investir dans une startup ! Des licences de distribution sont mises en place, des partenariats très spécifiques peuvent être développés. Un exemple ? Au sein de l’entité Saint-Gobain Distribution Bâtiment France, une messagerie instantanée entre collaborateurs et clients a été mise en place grâce au développement par une startup…

Croire en l’avenir

Combien d’investissements transformeront les sociétés traditionnelles ou développeront des sociétés milliardaires ? Seul l’avenir le dira. Une chose est sûre : à l’heure où l’innovation est plus que jamais une question de survie, nouer des relations durables avec des startups créatives, innovantes, disruptives… et s’ouvrir à de nouvelles idées : voilà la priorité pour toute grande entreprise.

 

Crédits :

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