Quand le bâtiment se féminise

Le bâtiment, un secteur uniquement réservé aux hommes ? Plus vraiment. Progressivement les verrous se lèvent, et les profils féminins trouvent désormais toute leur place dans ce milieu professionnel. Comment le faire savoir aux jeunes filles ? Comment combattre les idées reçues ? Les clés pour démystifier ce secteur.

Favoriser la mixité dans le bâtiment
Le bâtiment offre de vraies possibilités d’évolution professionnelle. Un exemple : j’ai intégré le Groupe comme intérimaire et je suis désormais responsable d’exploitation !

Elles sont grutières, ingénieures, DRH ou encore conductrices de travaux… En une poignée d’années, le secteur du bâtiment, jadis très masculin, a bousculé ses propres codes, en féminisant ses équipes sur les chantiers, dans les ateliers, jusqu’aux postes d’encadrement. Une tendance de fond qui démontre clairement que, plus que jamais, les femmes ont toute leur place dans les métiers du BTP. Et c’est plutôt une bonne nouvelle, car ce secteur offre de multiples opportunités, avec à la clé, une diversité de métiers et de fonctions. Encore faut-il les connaître et surtout « détricoter » certaines idées reçues. 

Susciter les vocations

Gommer les stéréotypes, c’est justement la mission du projet européen Women Can Build, porté par l’organisation professionnelle de la construction espagnole. Son objectif ? Favoriser la mixité dans les métiers de la construction et faire connaître les différentes filières. A ce jour, 6 pays européens (1) y participent, avec cette même volonté d’inclusion des femmes et de mixité des équipes.

En France, les professionnels se sont également emparés du sujet et multiplient les initiatives pour démystifier le secteur. Le Groupe Saint-Gobain est ainsi partenaire de l’association Rêv’Elles, qui propose une aide à l’orientation pour les jeunes filles issues de milieux modestes. Depuis le début de l’année, des collaboratrices issues des fonctions support, commerciales ou logistique accompagnent 35 jeunes filles pendant 5 mois, hors temps scolaires. Véritables « rôles modèles », ces mentors permettent à ces collégiennes et lycéennes d’élargir leurs perspectives professionnelles, d’ouvrir le champ des possibles… Et d’envisager - pourquoi pas ? – une carrière dans les métiers du bâtiment. « Ce qui est frappant, c’est finalement cette méconnaissance du secteur estime Magdalena Panek, rôle-modèle chez Saint-Gobain. Elles n’imaginent pas la richesse des métiers d’un Groupe comme le nôtre. Par ailleurs, elles pensent à tort que cette filière n’offre aucune opportunité pour les femmes et qu’elles n’ont pas leur place dans un grand groupe. » 

Combattre les idées reçues 

Lors des différentes sessions collectives, les rôles-modèles partagent leur parcours et leur quotidien. Ces échanges visent à lever de nombreux freins et même certains blocages, comme celui d’Asma qui avoue qu’auparavant il lui était impossible d’adresser la parole à des professionnels. D’autres jeunes filles repartent avec plein d’idées en tête ou ont appris à se projeter. « Les jeunes filles nous questionnent beaucoup sur les conditions de travail, l’équilibre vie privée et professionnelle, souligne Louisa Maréchal Fabre. Elles sont finalement rassurées de savoir qu’elles n’ont pas à choisir entre évolution professionnelle ou responsabilités familiales… Que l’on peut évoluer sans forcément entreprendre de grandes études… Et qu’il est possible d’être la seule femme dans une équipe tout en trouvant sa place ! »

Progressivement donc, les lignes bougent, et les barrière sociales et culturelles se lèvent au sein des familles. Dans les établissements scolaires et dans les ateliers, les préjugés tombent également. Grâce aux évolutions matérielles et à la mécanisation des tâches, les femmes peuvent plus facilement investir des métiers réputés « physiques » ou « pénibles ». Un secteur comme celui de la menuiserie voit ainsi la mixité s’installer dans les CFA, et il n’est plus rare de croiser une peintre en bâtiment sur un chantier. D’autres métiers en revanche peinent encore à séduire les jeunes filles comme celui de couvreur, maçon ou plombier, encore peu féminisés.

 

 

De nouveaux profils féminins

Malgré ces derniers bastions, le secteur du bâtiment semble bien décidé à favoriser la mixité dans ses équipes. La transition énergétique et la construction durable attire de plus en plus de profils féminins dans les filières techniques : génie civil, sciences des matériaux ingénieures du BTP… Et ces femmes aux profils ultra-spécialisés profitent des opportunités offertes par le secteur, qui se heurte bien souvent à des difficultés de recrutement. Les recruteurs, eux-mêmes, changent progressivement de posture. Si hier, il leur était inimaginable de confier un poste d’encadrement à une femme, ils sont aujourd’hui beaucoup moins frileux. Les raisons sont multiples : les femmes empruntant cette voie le font par passion ou conviction. Leur choix professionnel s’avère éclairé et basé sur une forte motivation. D’où cette intégration croissante dans les postes à responsabilités. Et ça tombe plutôt bien car la mixité des équipes est source de performance et de valeur ajoutée.

Une chose est certaine : quel que soit le diplôme, le secteur du bâtiment offre des perspectives de carrière souvent insoupçonnées, toutes fonctions confondues : commercial, administration, encadrement, production… Alors, toutes prêtes et tous prêts à relever le défi ? 

(1) : Espagne, Portugal, Italie, France, Belgique et Allemagne

Crédits photos  : Nadya Chetah/Shutterstock ;  Drazen Zigic/Shutterstock

Les dernières stories

Toutes les stories

En savoir plus

Ces biais qui pénalisent le recrutement des femmes

7 idées concrètes pour plus de mixité dans les STEM

Vu d'ici et ailleurs : c'est quoi l'inclusion ?