Demain tous en voiture électrique ? Des freins restent à lever

Partout, les véhicules électriques sont considérés comme l’avenir de la mobilité. Alors pourquoi d’importantes résistances demeurent-elles, chez les particuliers ? Coût, peur de manquer d’autonomie, sécurité… autant d’obstacles qui peuvent être surmontés.

Le véhicule électrique, bientôt pour tous

Avec la prise de conscience des conséquences climatiques de nos déplacements, on pouvait s’attendre à voir les émissions de C02 liées aux transports diminuer après le décrochage dû à la pandémie de Covid-19. Mais c’est bien le contraire ! À lui seul, le transport routier est aujourd’hui responsable d’un sixième des émissions mondiales. La décarbonation de ce secteur s’impose donc comme une priorité.

D’autant que la solution semble toute trouvée : la transition massive du parc vers le véhicule électrique ! Celui-ci continue d’accélérer, avec plus de 10 millions d’unités vendues en 2022, 14 millions annoncées en 2023 et 43 millions en 2030. De quoi atteindre 45 % du marché en 2030 contre seulement 4 % en 2020. Trois concurrents se disputent aujourd’hui la pole position : la Chine, avec 6 millions de véhicules vendus en 2022, l’Europe, avec 2,7 millions et les États-Unis, avec 1 million de véhicules électriques.

Alors qu’est-ce qui freine cette électrification ? Pour convaincre les réfractaires et prendre la tête de la course, il faut impérativement adresser trois préoccupations principales : l’accès aux bornes de recharge, le coût d’achat des véhicules et les performances des batteries, notamment en ce qui concerne la sécurité.

Chargez ! Quand les bornes se multiplient

voiture qui recharge

Concernant le réseau d’approvisionnement, 2,7 millions de points de recharge – une borne peut en comporter plusieurs – étaient en service fin 2022 dans le monde entier, dont un tiers avaient été mis en place au cours de l’année précédente. L’avance de la Chine est marquée, surtout si l’on s’en tient aux seules bornes de recharges rapides : 470 000 sur un total mondial de 569 000. Partout, les acteurs privés viennent en renfort de l’action publique. Des supermarchés aux compagnies pétrolières en passant par les constructeurs, ils voient dans les bornes de recharge un levier d’attractivité et de fidélisation. Parmi eux, Tesla, constructeur automobile, annonce déjà plus de 50 000 « superchargeurs » en service.

Électrique versus thermique : juste une question de prix ?

Concernant le coût d’achat, un article très documenté du New York Times prévoyait en février 2023, pour les États-Unis, l’alignement du prix du véhicule électrique sur celui de son concurrent à essence avant la fin de l’année en cours. Pourtant, le prix moyen du véhicule électrique reste supérieur à celui de l’offre thermique, avec, en moyenne, 61 488 $ pour le premier et 49 507 $ pour le second. Mais les constructeurs, Tesla toujours en tête, continuent à baisser leurs tarifs pour passer sous la barre fiscale inscrite dans le récent Inflation Reduction Act fédéral. Cette incitation financière est en effet réservée aux voitures de moins de 55 000 dollars et aux utilitaires de moins de 80 000 dollars.

Cette politique est très proche de celle que mène avec succès la Chine depuis 2014. Elle vient d’ailleurs de la prolonger pour trois ans avec une enveloppe de 520 milliards de yuans, soit environ 80 milliards de dollars. Avec son Plan climat, l’Europe a, pour sa part, choisi une voie plus radicale. En autorisant uniquement la vente de véhicules électriques neufs dès 2035, elle force les véhicules thermiques et hybrides à passer au point mort.

Mégapoles : comment les rendre (elles aussi) intelligentes ?

Partout, des initiatives locales complètent les mesures des pouvoirs centraux. De très nombreuses villes, comme Oslo ou Londres, interdisent ou pénalisent l’accès à leurs centres pour les véhicules polluants. La Californie, avec son programme Advanced Clean Cars, vise, comme l’Union Européenne, le zéro carbone pour tous les véhicules neufs vendus en 2035. « Les conditions d’un cercle vertueux, dans lequel l’augmentation des volumes alimentent la diversification de l’offre, la baisse des prix et le développement des infrastructures de recharge sont aujourd’hui réunies » estime Gaurav Assat, responsable du Développement pour le marché des véhicules électriques chez Saint-Gobain.

Une batterie de mesure pour la sécurité

batterie

Concernant la sécurité des batteries, quasi-universellement au lithium-ion, chaque incident défraye la chronique. Aussi demeure-t-il indispensable d’apporter le plus grand soin à leur conception et à leur fabrication. « Il existe aujourd’hui des adhésifs, et des mousses isolantes très efficaces pour les protéger de l’environnement extérieur et prévenir les emballements thermiques » explique Sarra Jhinaoui, Directrice de la Stratégie, Solutions de Haute Performance. Pour accélérer leur diffusion, Saint-Gobain Tape Solutions vient de les regrouper dans un pack complet à destination des constructeurs.

L’hydrogène, moteur de la révolution « verte »

Les batteries demeurent peut-être le plus grand défi du véhicule électrique. La production mondiale de lithium devrait en effet être multipliée par 40 d’ici 2040, pour assurer l’électrification annoncée du parc automobile. Outre la mise en exploitation de nouveaux gisements, notamment en Europe, il est donc indispensable de trouver des alternatives aux technologies actuelles. C’est pourquoi les constructeurs investissent massivement dans la recherche. La batterie lithium solide a pour l’instant leur préférence : débarrassée de l’électrolyte liquide inflammable, elle serait deux fois plus dense en énergie, tout en étant plus sûre. Saint-Gobain Céramiques est dans la course à la mise au point d’électrolytes solides grâce à ses équipes franco-américaines associées à une startup israélienne. Plusieurs universités étudient aussi le potentiel du calcium, du magnésium, du sodium ou du couple lithium-souffre avec, pour certaines, des résultats très encourageants.

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Découvrez en vidéo l’offre Saint-Gobain pour les véhicules électriques

Autre terrain de recherche intensément exploré : le recyclage des batteries usagées, dont le nombre s’apprête à suivre, avec quelques années de décalage, la courbe exponentielle des ventes de véhicules. Partout dans le monde, les projets de giga-usines fleurissent. La startup Mecaware, créée dans le sud de la France par un professeur d’université, relève le défi. Elle annonce être capable de récupérer les métaux inclus dans les batteries usagées par un procédé chimique utilisant les fumées industrielles. De plus, le CO2 que ces fumées contiennent est capturé au cours du processus ce qui revient, du point de vue de la décarbonation, à faire « d’une pierre deux coups ».

« Nombre de bornes, coûts des véhicules, sécurité et puissance des batteries : nous avons de bonnes raisons de penser que tous ces défis seront relevés à temps pour que la voiture électrique contribue dans les proportions attendues à la décarbonation de nos sociétés » conclut Sarra Jhinaoui.

 

Crédits photos : husjur02/ Shutterstock, moreimages/Shutterstock

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