Un environnement de travail sain, la clé du bien-être au bureau

La majeure partie de notre vie se déroule à l’intérieur, en particulier au bureau. Il est donc primordial que celui-ci soit conçu de telle manière qu’il garantisse le bien-être physique et psychologique de ceux qui y évoluent. Confort thermique et acoustique, qualité de l’air, aménagement intérieur, éclairage optimal et même jolie vue ; regard sur les critères essentiels d’un lieu de travail sain.

Bien-être au travail
Les facteurs-clés d’un lieu de travail sain

Que ce soit à la maison ou au travail, nous passons 90 % de notre temps en intérieur. On comprend donc pourquoi leur incidence sur notre bien-être – voire notre santé – est considérable.

Et puisque nous passons un tiers de notre vie au travail1, il semblerait naturel que les employeurs soient tenus de fournir un cadre sûr et sain à leurs collaborateurs.

Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Une étude menée récemment en Inde par GBCI2 et Saint-Gobain Research India a révélé que sur les trente bureaux examinés, un seul respectait les normes de qualité de l’air. Les recherches, qui ont abouti au livre blanc « Healthy Workplaces for Healthier People », ont montré qu'il existe une forte corrélation entre la qualité de l'environnement intérieur et la productivité, la santé et le bien-être des occupants.

« La qualité de l'environnement intérieur est déterminée par la conception de l'espace, par les systèmes et les matériaux installés et par les pratiques d’exploitation et de maintenance appliquées. Des espaces bien conçus et entretenus fournissent non seulement un environnement sain et confortable, mais améliorent également la santé des occupants et la productivité », peut-on lire dans la préface de l'étude.

Les bienfaits d’un lieu de travail centré sur le bien-être des collaborateurs sont multiples. Outre le fait que les employés se sentent mieux dans leur quotidien professionnel, les entreprises, elles aussi, en profitent. Dans le livre Healthy Buildings: How Indoor Spaces Drive Performance and Productivity, les professeurs d'Harvard Joseph G. Allen et John D. Macomber révèlent que les bénéfices financiers liés à une ventilation de meilleure qualité sont estimés entre 6600 et 7600 euros par an et par personne .

Cependant, pour créer et maintenir un lieu de travail plus sain pour les salariés, il ne suffit pas aux employeurs d'ajouter quelques plantes et un filtre à air. Cela nécessite, dès la phase de conception du bâtiment, beaucoup de réflexion et d'organisation.
 

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L'essentiel pour un lieu de travail sain

Si, à travers le monde, les immeubles de bureau étaient mieux conçus et construits, alors les collaborateurs seraient plus épanouis… et efficients. Selon Allen et Macomber, voici les critères de base d'un bâtiment sain : ventilation, qualité de l'air, température, humidité, poussière et nuisibles, sécurité, qualité de l'eau, bruit, éclairage et vue.

Lorsque ces caractéristiques sont optimisées pour le confort et le bien-être des occupants, ces derniers donnent le meilleur d’eux-mêmes. Le centre d'appels de Saint-Gobain en Pennsylvanie (États-Unis), qui a déménagé son siège social dans un nouveau bâtiment plus sain, en est un excellent exemple : les prospects générés par les ventes ont augmenté de 97 % et les prospects par appel de 101 %.

De même, Medibank, à Melbourne en Australie, a déménagé dans des nouveaux locaux avec 26 types d'espaces de travail, des jardins potagers et des installations sportives. Elle a par la suite indiqué que 80 % du personnel travaillait de façon plus collaborative, que l'absentéisme était en baisse de 5 % et que les deux tiers du personnel se sentaient en meilleure santé dans leur nouveau bureau.

En analysant cinq caractéristiques principales d'un bureau sain, nous pouvons non seulement comprendre les effets néfastes qui peuvent en découler, mais aussi la façon dont la conception du bâtiment peut être optimisée pour les améliorer.

 

1. Qualité de l'air

La qualité de l'air commence à poser un problème lorsqu'il n'y a pas d'approvisionnement constant en air frais et propre, ce qui entraîne une accumulation de contaminants. Parmi les polluants les plus courants, on retrouve le dioxyde de carbone (CO2), le dioxyde d'azote (NO2), le formaldéhyde (CH2O), présent dans certains meubles et tissus d'ameublement, et les particules en suspension. Le mauvais fonctionnement et le mauvais entretien des systèmes de ventilation peuvent entraîner une réduction du débit d'air, les filtres à air obstrués limitant l'alimentation en air frais et entraînant des niveaux plus élevés de CO2.

Près de la moitié des personnes interrogées dans l'enquête GBCI a subi une conséquence négative liée à la mauvaise qualité de l'air intérieur, plus précisément aux niveaux élevés de polluants. Une personne sur dix a ressenti une irritation oculaire, 8 % ont affirmé être fatiguées et 4 % ont dit avoir des vertiges. Autres conséquences : toux, irritation cutanée et essoufflement.

Des niveaux élevés de CO2 rendent également la fonction cognitive et la prise de décision plus difficiles. Une concentration supérieure à 1 400 parties par million peut réduire les réflexions stratégiques complexes de moitié et la prise de décision basique d'un quart. L'analyse des congés maladie pour 3 000 travailleurs dans 40 bâtiments a révélé que 57 % de tous ces congés étaient dus à une mauvaise ventilation.

Il existe cependant une série de solutions qui peuvent être mises en œuvre. La qualité de l'air peut être rapidement améliorée grâce à des systèmes de renouvellement et de filtration de l'air, qui éliminent les polluants ; des filtres chimiques qui éradiquent le NO2 de l'air extérieur et piègent les particules fines et grossières ; une meilleure isolation, qui fonctionne comme un joint d’étanchéité pour empêcher les polluants de pénétrer ; des prises d'air extérieur équipées de capteurs de CO2, qui alertent les chefs d'entreprise en cas de niveaux dangereusement élevés de polluants afin qu'ils puissent agir.

Les concepteurs de bâtiments devraient également utiliser des matériaux qui ne contiennent que peu, ou pas, de composés organiques volatils tandis que les architectes d’intérieur pourront privilégier des textiles contenant peu ou pas de formaldéhyde.
 

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2. Confort thermique

Seules 62 % des personnes qui ont répondu au sondage GBCI se sont dites satisfaites des conditions thermiques dans leur immeuble de bureaux. Celles-ci font référence à la température, à l’humidité et à la circulation de l'air. Pour les personnes interrogées, il ferait souvent trop froid en hiver et trop chaud en été. Problème : lorsque le confort thermique n'est pas optimal, la performance des collaborateurs peut chuter de 6 % si la température des bureaux est trop haute, et de 4 % si elle est trop basse.

L'utilisation de vitrages à faible émissivité et de solutions d'isolation performantes, qui incluent des matériaux hautement recyclés ou biosourcés, peut corriger le problème. Le transfert de chaleur entre l'intérieur et l'extérieur est ainsi considérablement réduit, protégeant le bâtiment des grandes variations de température. Puisque chaque individu est différent, l'utilisation de ventilateurs de plafond ou sur pied permet aux occupants de contrôler la circulation et la température de l’air dans leur environnement immédiat.

Salle de réunion

3. Confort acoustique

En général, on distingue deux types de pollution sonore : la pollution intérieure avec le bruit des équipements (comme la ventilation ou les équipements électroniques de bureau) ou celui des personnes qui parlent ; et le bruit extérieur (des travaux de construction, la circulation routière ou les avions…).

À long terme, une forte pollution sonore peut contribuer au développement de l'hypertension ou des maladies coronariennes. Les performances au travail chutent de 66 % lorsqu’on est exposé à un bruit gênant. La pollution sonore provoque également des maux de tête, du stress et des troubles du sommeil. En outre, 63 % des employés affirment ne pas disposer d'un espace assez calme pour se concentrer sur leur travail, ce qui affecte leur productivité.

Il existe deux façons d’améliorer le confort acoustique : réduire le bruit et l'absorber. Les architectes et les concepteurs de bâtiment peuvent – et devraient – aménager les bâtiments avec des matériaux capables d’absorber le bruit, comme de la laine minérale dans les dalles de plafond. Les cloisons sèches légères et les plafonds en plaques de plâtre de Gyproc®, ainsi que les dalles acoustiques ou les plaques de plâtre perforées en tant que finition de plafond, ont permis d'obtenir des niveaux de bruit de fond inférieurs à ceux des bureaux dont les cloisons sont en MDF ou autres surfaces dures. Pour réduire encore davantage l'écho et la réverbération, on peut également suspendre des rideaux et autres textiles d'ameublement.
 

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4. Un éclairage optimal et une vue agréable

Les fenêtres ne sont pas les seules à jouer un rôle dans l’éclairage. Au travail, la lumière du jour peut également faire défaut si la plancher est profond, si les cloisons sont hautes ou si les salles de réunion sont situées à la périphérie du bâtiment. Près des deux tiers des bureaux (64 %) étudiés par la GBCI souffraient de niveaux d'éclairage inférieurs aux recommandations. D’autant que souvent, malgré un éclairage naturel faible, les lumières artificielles n'étaient même pas allumées. En outre, près des trois quarts des sondés de l'enquête GBCI ont déclaré que, depuis leur poste de travail, ils ne disposaient pas de vue sur l'extérieur, ou au mieux une vue médiocre.

Pourtant, il est avéré qu’une mauvaise qualité d’éclairage peut entraîner un inconfort visuel et causer des problèmes tels que des yeux secs, une vision floue, de la fatigue oculaire et des maux de tête. Par ailleurs, le manque d'accès à une vue de qualité, dégagée vers le ciel ou vers des espaces verts extérieurs au bâtiment, est directement corrélé à une baisse de la qualité de notre sommeil et de notre niveau d'énergie. La physiologie humaine est affectée par le rythme circadien (cycle sommeil/réveil) qui repose sur la lumière du jour. Les personnes profitant d’une vue intéressante ou agréable affirment se sentir plus énergiques à la fin de la journée et souffrir moins souvent de problèmes de sommeil. C’est d’autant plus important que le manque de sommeil est un facteur associé à plusieurs problèmes de santé comme le diabète, l'obésité, la dépression et les troubles bipolaires.

Heureusement, cette question peut être traitée dès le stade de la planification du bâtiment. En concevant avec soin l'aménagement intérieur et les fenêtres, qui doivent être dotées d'un revêtement antireflet, vous pouvez optimiser la lumière naturelle et favoriser l'accès aux vues extérieures.

 

5. Aménagement intérieur

Le manque de contact avec la nature et avec ses semblables affecte négativement l’être humain. Tandis que la quasi-totalité des études soulignent les avantages du plein air pour la santé, nous passons en général environ 90 % de notre temps à l'intérieur. Et pourtant, les personnes en contact avec la nature sont plus heureuses, se sentent plus énergiques et trouvent plus de sens à leur vie.

À la lumière de cette information, de jeunes adultes qui travaillent dans un bureau qui a été doté d'éléments de conception biophilique ont vu leur mémoire à court terme s'améliorer de 14 %. La conception biophilique ? C’est un concept utilisé dans l'industrie de la construction qui a pour ambition d’accroître le lien avec la nature des occupants d'un bâtiment.

Autre problème : rester assis de longues heures, comme nous sommes nombreux à le faire, est mauvais pour notre corps. Parmi les occupants des bâtiments interrogés, 64 % ont déclaré être assis pendant huit à dix heures par jour et deux tiers ont signalé des problèmes musculosquelettiques.

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d'inciter les collaborateurs à bouger au quotidien. Comment ? En disposant des escaliers au cœur-même des bureaux et en rendant leur utilisation plus agréable grâce à des œuvres d'art, des jeux de lumière ou de la végétation. Des salles de photocopie centralisées, des fontaines et/ou des cuisines encouragent également les salariés à se lever et à se déplacer dans l'espace de travail. Enfin, les architectes peuvent renforcer la proximité des occupants avec la nature par l’introduction de plantes et l’accès à de jolies vues sur le monde extérieur.

Par exemple, la société stōk, basée à San Francisco, a installé un mur végétal mobile, dont le but premier était d’aider à maîtriser les niveaux de CO2. Contre toute attente, l'installation a eu un effet secondaire : l'amélioration du bien-être psychique des employés. Neuf sur dix ont affirmé qu'ils se sentaient plus à l'aise et sept sur dix qu'ils arrivaient mieux à se concentrer. Dans une autre entreprise, un centre d'appels, le temps de traitement est passé de 7 % à 12 % lorsque le personnel a pu disposer d’une vue sur la nature.

 

Un environnement de travail plus sain commence dès sa conception

L’absence de vue sur l’extérieur, une faible luminosité (particulièrement le matin) et des niveaux élevés de dioxyde d'azote sont les facteurs qui nuisent le plus au bien-être des collaborateurs, dans un bureau. Pourtant, un lieu de travail sain et bien conçu peut éliminer ces problèmes, ce qui est bénéfique non seulement pour la santé et le moral des employés, mais aussi pour les résultats de l'entreprise. En effet, il a été constaté qu'une simple variation de 1 °C de la température intérieure optimale entraînait une baisse de 2 % du rendement. Selon une autre étude, chaque fois que vous doublez le taux d'air provenant de l’extérieur vers le bureau, les performances des salariés s'améliorent de 1,7 %.

Ainsi, comme le résume Terri Willis, PDG du Green Building Council, « placer la santé, le bien-être ainsi que l'environnement au cœur de la construction est une évidence à la fois pour les employés et pour les résultats de l’entreprise. »

 

1. Gettysburg College – “One third of your life is spent at work”

2. GBCI (Green Business Certification Inc.) est le premier organisme mondial de certification et d'accréditation en matière de durabilité et de santé

 

Crédits photos : Shutterstock / Art_Photo ; Sunil Mistry